Si d'aventure deux personnes qui écrivent et sont de sexes et orientation sexuelle compatibles se mettent peu de temps après leur rencontre à collaborer sur différents projets, leurs conjoints ou compagnons ou fiancés respectifs peuvent se faire du soucis, fors à être d'heureux poyamoureux.
Depuis le temps que je fréquente le milieu, je ne connais pas un seul cas qui n'ait été le signe d'une idylle qui devrait perdurer. Et les gens qui écrivent sont généralement assez doués pour fracasser ceux ou celles qu'ils délaissent, sans doute en raison d'une forme d'égoïsme nécessaire pour parvenir à consacrer son temps à l'écriture et qui rejaillit sur le reste.
Alors surtout si vos propres emplois ou travaux vous mènent vers d'autres centres d'intérêt, ne soyez pas naïfs évitez de vous féliciter de ce que votre bien-aimé(e) ait trouvé un compagnon de jeux. Il risque de devenir prochainement le compagnon tout court.
L'étape suivante, ce sont les roucoulades, cousines à quatre mains des poèmes de CE2, parfois d'un niveau presque supportable car les femmes, souvent, savent écrire sur leur amoureux (1). Mais forcément insupportables pour ceux dont l'aventure, la nouvelle passion, fait des laissés pour comptes. C'est aussi parfois un moyen que trouvent, croient-ils souvent en toute bonne foi involontairement (2), les néo-amoureux pour avertir de leur infortune le partenaire précédent et non seulement le délaisser mais lui imputer la rupture, puisqu'il lui sera impossible de lire ou d'entendre lu (3) sans réagir et que 7 fois sur 10 dans de tels cas (4) la réaction induit une séparation, quand ce n'est pas un suicide - ce qui est aussi une forme de séparation mais plus définitive -. La crédulité fictionnelle confine parfois à l'aveuglement mais n'est pas sans limites.
Pour l'instant je ne connais qu'un seul couple qui fait exception et a su s'en tenir au stade fructueux de projets communs, faire que leur 1 + 1 soit supérieur à 2 unités de créativité, sans pour autant tomber dans rien qui puisse peiner leurs amours antérieures. Pour eux le plus grand respect. Puissent-ils perdurer. Je crains que la passion n'engendre le "un pas de plus" avec fatalité.
(1) Ça peut même être troublant les similitudes entre ce que deux femmes peuvent écrire de leur expérience respective avec le même homme, alors qu'elle ne se connaissent pas et qu'un des textes, parce que certaines amoureuses savent rester un peu dignes, est demeuré impublié. Et qu'il n'y a donc pas eu de communication possible.
(2) Le fameux : Je ne comprends pas, d'habitude elle ne lit jamais ce que je fais. Ou pour qui publie sur l'internet : Mais comment se fait-il, il n'y va jamais ?
(3) Ah, les moyens modernes d'enregistrements et leur cruauté électronique ...
(4) Les 3 cas où ça ne se passe pas concernent des citadins surrendettés ou qui peinent tant à deux à payer d'exorbitants loyers qu'il leur est impossible matériellement de ne pas faire toit commun si le nouvel amour ne s'offre pas avec hébergement intégré.
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