J'ai découvert les (trop peu nombreuses) œuvres de Raymond Radiguet un été d'il n'y a pas tant de temps, en Normandie à Carteret. La librairie d'occasions "Le rayon vert" vendait quelques volumes à un prix abordable, ça faisait un moment que cet auteur m'attendait, je m'étais fait plaisir.
Et grand plaisir aussi, en lisant.
L'auteur semblait doué comme personne, d'une modernité époustouflante, d'un style à couper le souffle.
C'est un peu là que le bas blessait. Entre la teneur des propos, en particulier sur les notations psychologiques, d'une précision de sniper (1) et une qualité, une densité du mot juste, on étouffait.
Je suis d'un genre de lecteur que les personnages hantent lorsqu'ils sont réussis, et certaines phrases aussi. Elles me restent exactement comme lorsqu'on entend une impérissable ritournelle, qui ensuite trotte en tête. Mais chez ce jeune auteur, chaque passage était un attrape-neurones, et très vite je saturais. C'était comme si malgré moi j'avais entrepris d'apprendre l'ensemble du texte et pour le réciter.
Une amie depuis m'a dit avoir éprouvé la même impression d'étouffement face à des textes où tout méritait d'être noté tant la formulation touchait la perfection.
J'en ai conclu, peut-être hâtivement, qu'il existait un syndrome de saturation des lecteurs de Raymond.
(1) oui je sais le mot alors n'avait pas encore de sens.
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