La bonne nouvelle et j'en suis un exemple et quelques hommes sportifs de haut niveau l'ont largement prouvé (1) : on peut pratiquer du sport et même de façon assez soutenue tout en étant porteuse ou porteur d'une thalassémie mineure (2).
J'avais du goût dès l'enfance pour les activités physiques même si je n'y excellais pas, j'ai toujours maintenue une pratique sportive, au moins une fois par semaine durant les années les plus difficiles (mère de famille d'enfants pas encore grands et ingénieure de profession), j'ai repris la natation à 41 ans, commencé la course à pied à 49 et le triathlon à 53 (3).
Alors je ne serais jamais d'un niveau remarquable, et je me bas contre les barrières horaires car mon rythme cardiaque à l'effort, probablement pour compenser la moindre efficacité des globules rouges à charier de l'oxygène, tend à être facilement élevé. L'entraînement permet de nettes améliorations, mais on part vraiment avec un handicap de ce côté là. Mais j'y arrive et si je peux alors que je n'ai pas d'aptitude particulière au départ, vous qui lisez le pouvez aussi.
Notre atout pour les sports d'endurance c'est que la fatigue nous y sommes habitué·e·s ; ce qui nous donne une résistance exceptionnelle. Je crois que ça ne m'est encore jamais arrivé de débuter un entraînement ou une course en me sentant en forme. Avec un appétit d'en découdre et de voir ce que ça donnerait et, pour le trail ou le triathlon, de prendre du plaisir à l'activité, de m'amuser même, ça oui. Mais en forme, non. Je suis fatiguée presque en permanence. C'est mon état normal.
Donc, hop, ça commence et je fais de mon mieux, et ça se passe plus ou moins facilement, mais ce qui est clair c'est qu'en général je finis dans un état d'épuisement plutôt acceptable et qu'il y a peu de moments durant l'épreuve où je ressens une fatigue insoutenable. C'est comme d'habitude en à peine plus pire.
Du coup il y a quand même quelques particularités dont il faut se méfier : par exemple comme c'est le cas dans cette vidéo destinée aux sportives et sportifs normaux, nous avons un risque spécifique de surentraînement.
La fatigue qui semble s'être installée n'est pas un signal, c'est notre état habituel.
Les insomnies en se sentant fatigué·e·s, personnellement j'ignore ce que c'est : je ne sais de tomber de sommeil dès que je vais me coucher, le plus souvent je lutte pour tenter de garder les yeux encore ouverts le temps de lire un peu.
Tout au plus après un triathlon qui s'est bien passé, je suis dans un tel état d'allégresse pour y être parvenue que d'excitation joyeuse comme un enfant à Noël je ne ferme pas les yeux immédiatement. Seulement dans ce cas c'est un délice. En plus que généralement au lendemain d'une course on n'a pas de gros surmenages de prévus, sauf problème au travail ou trajet de retour compliqué.
Ça fait déjà deux des critères énoncés comme alertes possibles qui ne sont pas effectifs pour nous. En revanche nous sommes peut-être moins des sujets à risque : nous savons, nous l'avons éprouvé pour des choses de vie quotidienne, que la récupération est indispensable. Notre organisme nous indique le mode pause plus sans doute que d'autres.
Être dépressif ou irritable n'est pas non plus un indice, en tout cas pour moi : il y a fort longtemps que j'ai appris à rester zen malgré l'état de fatigue. Sinon ma vie aurait été un enfer.
Reste l'augmentation du rythme cardiaque au repos, je pense que ça s'applique bien. Et le symptôme de l'entraînement qui paraît vraiment difficile à tenir, davantage que d'habitude.
Voilà, le sport est pour nous comme il peut l'être pour tous, seulement il faut s'accorder quelques prudences supplémentaires et légers aménagements. La compétition quand elle a lieu est d'abord vis-à-vis de nous-mêmes, les autres qui n'ont pas notre particularité sont l'équivalent pour nous d'athlètes qui seraient dopés.
(1) Zinedine Zidane et Pete Sampras
(2) Si je n'évoque pas les thalassémie plus sévères dans lesquelles l'anomalie sur les globules rouges vient des deux parents, c'est tout simplement par méconnaissance de ce cas.
(3) Quand on est une femme porteuse d'une thalassémie la ménopause qui nous délivre de la perte mensuelle de sang et donc d'un léger accroissement périodique de l'anémie, si elle n'est pas accompagnée d'autres symptômes (j'ai eu cette chance), est une bénédiction.
Les commentaires récents