Je n'ai pas de connaissances médicales particulières. Seulement une expérience de vie quotidienne. Et la conviction que témoigner peut aider d'autres personnes confrontées au même problème même si ça ne sera jamais exactement au même degré.
Donc, le fait de fumer.
Comme enfant et jeune j'étais très souvent malade de la sphère ORL et que j'enchaînais l'hiver rhume, angine, toux diverses et variées et extinctions de voix, j'ai passé le cap de l'adolescence sans être tentée de m'y mettre.
À l'âge adulte je suis devenue assez naturellement une fumeuse occasionnelle de noces et banquets. En ce temps-là le rituel des gueuletons dignes de ce nom voulait qu'on offrît café, pousse-café et quelque chose qui se consumait. J'apprécie par exemple dans ce genre d'occasion un petit cigarillo. Je ne dédaigne pas la fumée rare et festive.
Mais il était et il demeure hors de question que cette consommation devienne de l'ordre du quotidien (1).
Il faut que ça reste un plaisir et qu'il soit rare.
Au bout du compte dans la vie des jours ordinaires, je ne suis pas particulièrement incommodée par la fumée des autres. D'où que je ne crois pas qu'il y ait d'incidence directe entre thalassémie et problèmes respiratoires. J'aurais presque l'impression qu'en air pollué (je ne parle pas que du tabac, mais par exemple l'air irrespirable de Paris aux abords du périph) on se débrouille plutôt mieux que la plupart des gens (2).
Je suffoque uniquement lorsqu'un lieu est fermé, les personnes nombreuses et parmi elles celles qui fument nombreuses aussi. Mais peut-être que n'importe qui d'autre et de non-fumeur dans ce cas suffoquerait.
Avant la loi Évin, j'ai également souffert de devoir supporter les bureaux alors fumeurs - car la majorité des adultes en ce temps-là fumaient -. J'étais souvent malade, gorge irritée et enrhumée.
Mais rien ne me prouve qu'il y avait un lien entre l'anémie et cette fragilité. Ou que ma fragilité hivernale, laquelle passé 40 ans s'est grandement atténuée (3) était accrue par le tabagisme passif.
Il se trouve que toutes les personnes porteuses de l'anomalie globulaire que je connais sont des non-fumeurs. J'en ai connu un seul qui fumait lourdement mais il s'est astreint assez jeune à arrêter. Je crois que dans ce domaine comme dans d'autres, une prudence doit nous venir du prix que l'on sait élevé à payer pour le moindre écart. On sait aussi trop bien ce que c'est que de ne pas se sentir en forme pour y ajouter des causes volontaires supplémentaires.
Je peux me tromper.
Il n'est pas exclu qu'un jour passe lire ce billet quelqu'un qui m'expliquera qu'au contraire la nicotine lui permet de relancer son énergie, de trouver des capacités de concentration que la fatigue intrinsèque émousse.
Mais il me semble inévitable de se poser tôt ou tard la question.
(1) Il en est de même pour moi pour l'alcool, éventuellement une bière ou un verre de cidre ou de vin, mais beaucoup beaucoup de jours sans rien. En revanche boire un coup avec des amis, faire la fête sans (trop) se restreindre (si l'on n'est pas la personne qui conduit) oui.
(2) Attention : ma remarque ne se fonde sur rien de scientifique, c'est une impression. Une sensation. Une constatation maintes fois faite.
(3) Désormais je ne suis malade l'hiver ni plus ni moins que n'importe qui menant comme moi une vie de citadine qui s'entasse avec ses semblables dans des lieux confinés dans lesquels les microbes doivent se sentir à leur aise et grouiller.
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