La fatigue physique certains jours est si violente que le fonctionnement même du corps est un épuisement.
Comme je ne souffre d'aucun symptôme collatéral à part d'avoir le corps globalement légèrement douloureux (les muscles comme si je me remettais d'un effort fort, les articulations "mal huilée" - sans lien d'âge, ado déjà -), je parviens généralement à reporter ces moments d'incapacité au jour de repos suivant (le dimanche généralement).
Une exception : les jours qui précèdent les règles. Lors de ceux-là, la volonté ne suffit pas. Tout se passe comme si c'était à ces moments-là et non lorsque le sang coule, qu'il se trouvait prélevé. Le fonctionnement corporel général s'en trouve alors très affaibli, comme si une blessure suivie d'un temps d'hémorragie avait été subie. Attention : je parle ici de sensation, ça ne correspond peut-être à rien de cohérent médicalement. La seule chose que je peux dire c'est qu'il ne s'agit pas d'une appréhension psychologique qui influerait : j'ai toujours eu des cycles d'une remarquable irrégularité donc il est exclu que je me dise à l'avance que je vais être mal.
Cela dit, après avoir dans les moments de plus grande faiblesse assuré le gagne-pain (1) et l'activité sportive (2), je subis ensuite un effondrement à la mesure de la violence d'efforts que je me suis imposée.
Il est ainsi des dimanche ou des jours de congés, durant lesquels je n'y suis pour personne. Manger est un effort, se laver une suractivité, se lever pour aller aux toilettes une nécessité olympique. La digestion un travail. Et même dormir, oui dormir, fatigue selon les rêves qui sont faits.
Du temps où je travaillais comme cadre dans une grosse entreprise, avec toute la pression assortie, et que mes enfants étaient encore petit, il m'est arrivé lors de certains "jours sans" d'en être réduite à ce que respirer me demande effort alors même que rien ne gênait (pas de toux pas de poumons encombrés). Il m'arrivait alors de considérer l'imminence de ma mort, que peut-être le souffle suivant n'aurait pas lieu, m'en consoler en constatant combien c'était peu douloureux et presque un peu tentant (cesser la lutte, enfin). Pour mes enfants que j'avais peur d'abandonner, je comptais les respirations en me fixant des caps à franchir, des sortes d'encouragements, Allez si je tiens 60 après ça devrait reprendre en automatique. Généralement ça s'achevait en un endormissement profond que sur le moment je prenais pour la fin.
Depuis que j'ai un travail à temps partiel et qui me convient, je n'ai plus atteint de tels abysses de l'épuisement, hors de moments de maladie (une angine, une grippe, un rhume particulièrement enfiévré)
Je tiens à exprimer que ça n'est pas moral. Que ça n'a rien à voir avec un épisode dépressif, même si à force de se sentir ainsi mal, abattu(e)s, forcément le moral l'est. On ne risque pas de sauter de joie ni bondir d'allègresse quand le saut ou le bond nous sont impossibles.
Tout au plus peut-on encore jubiler intellectuellement, par exemple à la lecture d'un poème qui nous va.
La seule activité durant ces jours que je parviens à accomplir est en effet la lecture de livres très brefs ou plus long mais faciles d'accès, un bon polar, sans trop de sexe (3) qu'on parcourt en alternant lecture et somnolence, en posant le livre de côté pour ne pas avoir à faire l'effort de le soulever, en réduisant les mouvements à ceux des yeux, la tourne de page et changer de côté.
Tout se passe comme si l'on était un véhicule motorisé en bon état de fonctionnement mais privé de carburant.
Je ne sais pas trouver de solution à part ménager tous les 7 à 10 jours dans mon agenda une journée sans aucune contrainte pas même heureuse (amicale, une sortie, un ciné, non rien : je n'y suis potentiellement pour personne et si jamais in fine ça peut aller à peu près il sera toujours temps de trouver quelqu'un pour aller boire un coup et si possible partager une bonne pinte de rigolade).
Quand un de ces jours "sans" tombe alors que quelque chose est devant être fait, par exemple aller au travail, je prends un combiné de guronsan et vitamine C. C'est pour l'instant la seule parade efficace que j'ai expérimentée. Et le résultat n'est pas d'être en forme, il est alors simplement de pouvoir se rendre la où l'on est attendu et effectuer si possible sans trop se presser ni stresser ce qui est demandé.
Enfin, s'il est évident qu'une période de surmenage ou de grande anxiété (4) augmente l'intensité ou la fréquence des jours de fatigue violente, c'est sans doute une caractéristique de la thalassémie (ou d'autres anémies) qu'ils puissent survenir sans circonstances particulières dans des périodes moyennes, sans qu'on ait fait au préalable aucun excès.
Il est donc inutile de se priver par précaution de bribes de bonne vie.
(1) Dans ces jours de grande fatigue, je reporte tout autre type de travail, que celui qui matériellement est indispensable pour la suite
(2) Question de survie : si je commence à abdiquer l'un des deux sports que je pratique par plaisir et par sens de la survie, c'est le début de se laisser aller. Alors je me traîne, je suis lamentable, je ne fais qu'une partie des exercices demandés mais j'y vais.
(3) Sinon ça remue le couteau dans la plaie. Car même si l'on est aimé(e), dans ces moments là inutile d'envisager quelque ébat que se soit.
(4) Si l'un de nos proches est gravement malade, pronostic vital engagé (par exemple)
Que dire de cet article qui ma litteralement scotchez ... encore ?
Rédigé par : Arrondir ses Fins de Mois | 08/01/2014 à 09:16