"La nuit n'a pas emporté la fatigue de deux derniers jours. Entre l'équipée de vendredi, à pied, en RER puis à pied encore., jusqu'au collège, et retour, la terrible fatigue des cours, le voyage d'hier, sous la neige, j'ai dépensé plus d'énergie qu'il ne m'en est alloué pour quarante-huit heures, hypothéqué le temps d'après".
Pierre Bergounioux, "Carnet de notes 2001 - 2011", entrée du dimanche 2 février 2003 (p 327, Verdier)
Moi aussi, bien souvent, je ressens cette limite de "l'énergie allouée". La mienne est très plafonnée, que je tente sans arrêt de reculer.
Pour des raisons probablement différentes de la thalassémie et qui, s'il ne souhaite pas en parler, ne regardent que lui, l'auteur souffre de fatigue chronique depuis ses jeunes années.
Pour autant il parvient à mener une vie professionnelle, une vie créative impressionnante et semble présent à sa famille, assumant une part des tâches ménagères et quand ils étaient petits, des soins aux enfants.
Il existe trois tomes pour l'instant de ces carnets, couvrant une trentaine d'années de vie. Je n'ai pas fini de les parcourir, mais j'y trouve grand encouragement. Oui, on peut être fatigués, mais cependant lutter et mener une vie qui vaut la peine.
Au passage, par le simple fait qu'il décrit ce qu'il fait selon l'état dans lequel il se trouve, on peut puiser une foule d'idées sur le "faire avec", qui est, certains jours, si difficile à composer.
Ce n'est pas parce que nous sommes des sur-fatigués que nous sommes des sous-humains.
Pierre Bergounioux nous le prouve. Si besoin en était.
nb : seul bémol, ces livres sont attrocement chers, ne sortent pas en poche, se trouvent rarement d'occasion - à croire que tous ces lecteurs les gardent ensuite précieusement -. Mais on peut peut-être se les procurer en bibliothèque.
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