Sur ce forum (lien à retrouver) où j'avais été émue par les inquiétudes de parents d'enfants atteints par une thalassémie, je me souviens que la question de la scolarité et des études semblait particulièrement les angoisser.
Alors d'accord, on n'est jamais avec les autres tout à fait à égalité. On peut difficilement rivaliser.
Mais jusqu'au baccalauréat pour ceux qui veulent pousser, il ne s'agit pas de concours, il suffit d'être sérieux et un minimum assidus et courageux pour s'en sortir. Parce que, bonne nouvelle : la thalassémie, du moins dans sa forme mineure (1) n'affecte pas les capacités de réflexion. Simplement il y a des moments où l'on est trop fatigués pour rester assis à une table et continuer à se concentrer.
Ça peut se compenser : il faut apprendre à ne pas insister quand on est vraiment trop claqués au point que ça engendre une confusion de pensée, et par ailleurs à devenir très exigeants avec soi-même : le moindre moment d'aller pas trop mal doit être utilisé à bon escient.
Soit pour se faire du bien, car ce qui est bon pour le moral est généralement bon pour la santé.
Soit pour bosser mais alors de façon organisée, efficace et sans glander. En particulier, les trucs genre révisions de dernières minutes, devoirs faits la veille au soir jusqu'à tard dans la nuit, il faut laisser ça aux gens de pleine santé. Nous autres si l'on veut s'en sortir, et s'y présenter avec une chance raisonnable, devons dormir sérieusement les veilles et avant-veilles d'examens. D'où, si l'on est motivés, la nécessité de s'organiser, faire un maximum de choses à l'avance, aller vers les essentielles, caler les matières pour lesquelles on a plaisir et facilité dans les interstices.
En terminale, je potassais les cours d'histoire en prenant mon petit déjeuner - oui je sais pour certains chapitre ça nécessite un estomac bien accroché -, libérant ainsi des temps "assis au bureau" pour les maths et la physique qui étaient mes matières principales.
Éviter d'apprendre de façon scolaire mais tenter de vraiment s'intéresser au plus possible de sujets. Ainsi ils s'impriment bien sans avoir à faire l'effort de rabâcher. Si vous calez sur certains d'entre eux, imaginez-vous par exemple journaliste chargé de pondre et plus vite que ça, un papier sur le sujet. Vous pouvez d'ailleurs même l'écrire pour de vrai, le papier, il vous aidera à mémoriser.
Ne pas se contenter du chemin scolaire, mais tenter aussi d'acquérir des connaissances par tous les pores de la peau. J'ai appris l'anglais en allant voir les films en V.O. , en écoutant les groupes rocks, au moins autant qu'en cours, ce fut un moindre effort. Bien sûr, au début il faut se forcer. Mais un jour le déclic se fait.
Jusqu'à un certain point, le manque de forces peut se compenser par l'appétence et une solide curiosité, qui sont des facultés qu'on peut tout à fait développer.
Il ne faut pas rêver. Même si l'intelligence on l'a, il serait vain de vouloir rivaliser avec les meilleurs sur des terrains de haute compétition. Car il y faut à la fois les capacités intellectuelles et une santé de fer. Anémiés permanents, nous ne l'avons pas.
En même temps à quoi bon réussir des concours qui permettent de briguer les plus hautes fonctions si physiquement on ne sera ensuite pas capables de les assumer ? Il est donc conseillé d'avoir des visées raisonnables. Polytechnique, tu laisses tomber.
À l'autre bout du spectre des possibles, il est recommandé d'éviter des circuits courts menant à des métiers où c'est le corps qui est le plus engagé. Les travails physiques éprouvants ne sont pas pour nous. Certains artisanats utiles peuvent être parfaits pour qui n'a pas le goût d'étudier.
Ça ne nous empêche en rien d'avoir une ambition très haute : faire du mieux que nous pouvons. Et qu'elle puisse incidemment nous mener plus loin que bien d'autres personnes, qui nées avec les globules qu'il fallait, auront dédaigné l'effort dont ils ignoraient le prix et se laissent vivoter.
Enfin, ça vaut cependant la peine d'essayer, renoncer d'entrée en se disant qu'on n'a pas assez de santé, c'est peut-être se fermer les portes vers une vie plus tard plus aisée (je ne parle pas au sens financier).
Et ne laissez jamais vos parents vous faire croire que comme vous êtes légèrement handicapés vous ne pourrez pas y arriver. On met parfois plus de temps que les autres, c'est tout. Il faut écouter, au contraire, ceux qui tentent de nous donner confiance en nous.
(1) Je ne parle que de ce que je connais.
1108020113
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