J'ai lu hier soir avec un sourire entendu, le
Guide d'utilisation de la BNF de Baptiste Coulmont
grâce auquel, habituée de la sombre salle P (audiovisuel) - je (ré)visionne tout autant que je lis -, j'ai appris avec surprise la malédiction ensoleillée de la salle M.
Il m'a semblé qu'une petite annexe au guide pouvait éventuellement être utile.
Tout d'abord je tiens à dire combien ces lieux sont pour moi un endroit de travail rêvé, les places de travail sont formidables (1), jamais je n'ai eu droit à d'aussi bonnes conditions.
Je trouve très beaux ces grands morceaux de béton et de bois, habituée des lieux serrés (appartements parisiens, bureaux d'entreprise où l'on nous entassait, boutique de taille normale mais sans trop d'espace vide), je suis sensible au fait de n'être pas limitée. Ça peut paraître ridicule mais c'est comme si l'esprit pouvait plus facilement s'envoler.
Mais effectivement il y a quelques inconvénients. Pour reprendre l'ordre de celui qui a écrit le premier billet :
1. Manger
On peut ressortir, il est possible d'effectuer pour 2 heures une "sortie provisoire" et retrouver ensuite sa place. Le hic : si l'on a demandé des documents imprimés il convient de les rendre, tout en demandant à ce qu'ils soient mis de côté pour les récupérer en redescendant. Cette mesure est logique, permet d'éviter vols ou pertes ou dégradations. Mais elle est fastidieuse.
Et encore, je ne fais pas partie des malheureux fumeurs - ça doit être pénible de devoir tout reposer dès qu'on éprouve le besoin de s'en griller une -.
La cafétéria n'est pas bon marché mais pour de la restauration rapide et d'appoint fort correcte. Le thé y est servi dans une théière et avec un bon choix, ce qui permet d'agréables Five O'Clock.
Marrant, moi qui aime le café ristretto, je trouve leur expresso convenable.
2. Pull, en toutes saisons.
C'est le défaut que je trouve au lieu : ces grands volumes sont difficiles à chauffer l'hiver et la clim y est systématique l'été quand bien même la température extérieure, comme c'est souvent le cas cette année, n'est pas chaude. Ma prédilection pour la salle P n'est d'ailleurs pas étrangère au fait que tous ces écrans réchauffent un peu et que le plafond y est bas ; l'hiver en tout cas, on y a moins froid.
3. Glissades.
J'avoue que c'est le piège de la BNF, on pourrait presque croire que c'est parce qu'il faut en mériter l'accès, entre douves et pont levis. Pourquoi n'a-t-on pas tout simplement mis des escaliers mécaniques ?
3bis : Accès.
Je comprends qu'il faille assurer un minimum de sécurité, mais trouve cependant pénible lorsqu'on est déjà encartés, d'avoir à présenter toutes nos affaires et se faire vérifier. Certains hommes voulant faire preuve de bonhommie se montrent pesants (2).
En revanche le dépôt au vestiaire, même s'il fait perdre du temps parfois, ne me gêne pas. C'est une façon concrète de laiser le monde extérieur en dehors des temps que l'on peut consacrer au travail studieux.
4. Réserver
Curieusement dès lors qu'on est admis en rez-de-jardin, pour moi ça va de soi (3). C'est d'ailleurs justement le charme de venir travailler là : pouvoir de chez soi réserver non seulement sa place d'études mais également les documents qu'on veut y parcourir.
Les quelques fois où il m'est arrivé de venir sans réservation préalable, parce que par exemple j'ignorais si je pourrai passer, que tout dépendait de la durée d'un rendez-vous qui précédait, je n'ai pas attendu pour avoir une place d'attribuée.
5. Le soleil
Puisque fréquentant principalement la salle P, il ne m'a jamais gênée. J'aime à voir le bois inaccessible, même si les cables qui empêchent aux arbres de prendre leur envol me font un peu mal. En pauvre citadine coupée de la nature, j'aime à y observer le cycle des saisons.
6. Pipi
Peut-être parce que l'auteur du billet est un garçon, et que les hommes ont moins que nous, surtout certains jours, besoin de fréquenter les hauts lieux d'un établissement que sont toujours les toilettes, ou bien est-ce par pudeur, mais voilà, il a omis d'évoquer le Grand Inconvénient de l'Endroit.
Elles sont en rez-de-jardin situées à l'extérieur de la vaste zone des salles. Il faut ressortir, traverser la partie la plus "zone 51" de l'affaire, celle qui si on était en pyjamas qui s'ouvrent sur le côté avec un walkman sans écouteurs aux anches nous ferait croire qu'on participe à un épisode de Cosmos 1999 sur un bruit de fond digne des "guetteurs" (4) de l'ïle mystérieuse. Mais nous ne sommes pas en pyjamas et si le son y est, les appareils, eux, veillent désormais sur La Défense . On peut donc aller pissoter sans crainte. Mais non sans perdre du temps puisque en y filant presque en courant, il faut compter dans les 8 minutes aller-retour ; plus généralement le quart d'heure y passe. Ça dégourdit.
Ce qui fait qu'on tend à regrouper avec une pause café - les machines automatiques étant situées aux quatre coins du grand espace - et instants téléphoniques, la vaste blague étant que ceux qui croient s'isoler dans la partie d'accès vers escalators ou toilettes ne se rendent pas nécessairement compte de la résonnance des lieux (5).
Dans un souci de temps économisé, il arrive aussi qu'on s'en aille manger, non pas tant par faim que pour assouvir un besoin naturel et ne pas repartir ensuite, reprendre ses affaires, refaire le chemin. Goto rubrique 1.
Autres billets sur le sujet, via celui de Baptiste Coulon déjà évoqué :
chez Idiocratie, chroniques estivales 1 et 2
chez DoyouBNF au sujet de Jojo Lapin
(1) Je suis une femme de taille et corpulence moyenne, plans de travail et chaises sont parfaites pour moi, pas mal au dos ni aux fesses même après une pleine journée.
(2) En même temps je les comprends, ils doivent s'ennuyer mortellement. Et puis à chaque fois ça part d'un bon sentiment, c'est pour montrer qu'ils nous ont reconnues, qu'ils ne sont pas que d'inhumains cerbères. Certains tentent une plaisanterie. D'autres inventent des interdictions (si, si je peux venir avec mon appareil photo, tout dépend ensuite l'usage que j'en fais).
(3) Peut-être aussi parce que j'ai entre 40 et 45 mn de trajets, je ne voudrais donc en aucun cas me déplacer pour devoir en plus attendre ou me heurter à un panneau "complet"
(4) que l'on voit à l'œuvre vers 3' de cet épisode.
(5) testé pour vous, un doux jour d'avril ; et puis pour des appels liés à la banque, ou bien au travail. Sinon j'évite plutôt d'appeler.
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