2 - I'm not really good at zippers

"Un homme élégant, discret, qu'il faut aller relire"

 

    Cette pépite grâce à l'émission Par ouï-dire de Pascale Tison du 29 novembre 2021 m'a fait du bien à entendre.
Je m'aperçois que je n'avais pas entendu (ou si rarement), le Francis d'avant notre rencontre d'abord épistolaire en septembre 2007 puis réelle fin août 2008. Ça me fait du bien. Nous avons eu chacun un avant, un après. C'est si triste qu'à présent il y ait de son côté une fin définitive.
Aurait-il souhaité que nous nous retrouvions ?
Nous nous étions quittés "au cœur sombre des choses" (1), à mon plus grand regret.

 

(1) Comme il est dit au sujet de livres dans cette video du 22 mai 2017 sur TVcom 

Nous ne serons plus ensemble

 

    Dans son blog aujourd'hui Carl Vanwelde citait Francis Dannemark, un extrait de son doux "Une fraction d'éternité", sur les amitiés qui se délitent puis se renouent. 
Depuis mes projets avortés de reprise de librairie, lesquels suivaient de peu la période de la maladie puis la mort de ma mère, puis l'année de devoir vider la maison de mes parents, l'année suivant la succession d'attentats à Paris, j'ai perdu de vue un nombre certain de mes ami·e·s, trop occupée que j'étais à tout juste surnager. La pandémie n'a rien arrangé, ni le fait d'entamer une deuxième reconversion en sortie de premier confinement et d'être employée à gros temps plein depuis.
Alors on espère un retour à des temps plus calmes, qui ne viendront sans doute jamais, mais l'espoir nous laisse anticiper la joie de retrouvailles, voire réconciliations pour qui était fâché.

Un jour, nous revenons.
Nous sommes ensemble.

Seulement voilà, Francis n'est plus de ce monde, ni le randonneur Philippe, ni le bon vivant Jean-Marc. 
Tous trois morts en période de pandémie mais d'autre chose.
Nous ne serons plus ensemble.
Quelle tristesse. 

It used to be such a good memory

Le mal que je m'étais donné pour faire connaître ce livre, une sorte de fierté enfantine d'en avoir été. Moins d'un an après, un message qui après un ajournement de temps partagés - que je n'avais pas su prendre comme un signe avant-coureur, tant je croyais à la sincérité de qui écrivait -, disait en substance, sous des formules élégantes, Casse-toi j'ai trouvé mieux.
Et par ailleurs la librairie qui fermait, où j'ai été si heureuse de travailler. 

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, vraiment pas. 

Et puis l'on survit.

Bilan des championnats du monde d'athlétisme 2019 pour l'un coureurs les plus prometteurs

 

 

C'était publié ce matin sur son compte I nsta avec quelques belles photos de courses. J'ignore s'il écrit lui-même ses textes ou si quelqu'un de la team prépare sa communication, il n'empêche que ce qui est écrit là est magnifique d'équilibre et de détermination. Sur les deux finales il lui aura juste manqué d'un peu de jus dans les dernières longueurs, peut-être parce que jouer sur deux distances créait pile la part d'épuisement d'énergie en trop. Je pose copie de ses mots ici afin de relire et puiser courage lorsqu'il me fera défaut, globalement, dans la vie.

 

"Wrapping up the 2019 season with a 5th- and 4th-place in @iaafdoha2019 🤓 Being so close to accomplish my main goals of my running career, it’s easy to be disappointed with what I ended up with in this world championship... At the same time, I have to be proud of being 4th and 5th. 🎉🚶🏽‍♂️ It’s a privilege to be able to do what I love, and an honor to be able to compete against the best runners in the world. 🏆 I have to realize that this is just the beginning and a step towards greater things. 🤯👌🏼 Proving myself and going from a «one-hit-wonder» to a consistant contender to win races, was what this season was all about... Now im here running fast, race after race, fighting against the very best. 💪🏼🥰 I have a huge respect to all my competitors and to everyone else who are willing to do put in a lot of work and do what it takes to be good in something. 🔥🙏🏼 A big thanks to all who support, cheer and inspire me in my work towards becoming the best runner in the world. It’s easier to get back to work and come back stronger with so many people cheering for me. ❤️🌍 All things considered, it’s been a great season. Now, it’s all about 2020, which can be an exciting year... 😉💫 #TeamIngebrigtsen #MoreToCome"

 

Une interview (cyclisme)

Je la retranscris ici car le replay ne sera pas disponible indéfiniment : il s'agit donc d'une interview après une étape de la grande épreuve qui se court en France, une étape de plat où il y a eu cassure, à l'initiative du leader du moment, d'un vent assez soutenu et de ses coéquipiers, et quelques-uns n'ont pas vu venir la bordure et se sont laisser distancer par un premier pan de peloton. Ils n'ont pas pu revenir, parce que ça roulait vraiment très fort devant.

Le coureur interviewé fait partie de ceux qui furent distancés ; à sa décharge pour n'être pas parvenu à recoller, il n'est pas au mieux de sa forme ces jours-ci.

Je n'écris pas leur nom parce qu'on sent qu'ils font l'un et l'autre de leur mieux pour faire le job sans s'attirer d'ennuis. J'admire particulièrement le coureur qui parvient à faire cet effort tout en conservant de l'humour, malgré l'autre effort, physique, particulièrement éprouvant qu'il vient d'accomplir - tenter de limiter la casse, en n'y parvenant que partiellement -.

Journaliste : - Encore une journée de galère, elle est originale ma question, non ? 

Cycliste : - Ça devient grotesque en fait 

J : - Mais non, mais non.

C : - Oh si un petit peu. Ben pour le coup je me sens vraiment comme [nom d'un film avec un célèbre acteur belge]. [bafouille] Aujourd'hui ... Je pensais à une journée un peu plus tranquille et finalement ça a été de la science fiction. Ça roulait à une vitesse incroyable, à un moment on s'est regardés avec [nom d'un collègue] et on s'est dit soit c'est nous qui sommes nuls soit c'est le peloton qui roule très vite.

J : - Je vois pas ce qu'il y a de grotesque à s'accrocher et à ne pas lâcher l'affaire.

[silence]

J (mezzo voce) : - C'est pas grotesque.

C : - Non, mais y faut ... non, non, non ... c'est pas grotesque [se masse l'épaule droite avec la main gauche] c'est pas le bon terme, c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses qui se passent dans une tête, surtout dans la mienne, quand on est dans ces moments-là, on est aspirés par un tourbillon, un œil dantesque de ... de ... de ...de choses négatives et ça c'est difficile.

J : - Dieu soit loué si je puis dire y a la journée de repos. Donc dites-nous un peu, vous avez déjà géré des journées de repos sur le [nom de la course], on a le temps de se refaire une cerise sur une journée de repos et de repartir sur des bases saines ?

C : - Ben [prénom nom] mon directeur sportif va me dire d'aller rouler deux heures et demi en faisant des efforts. J'ai plus (+) envie d'aller au bord de la piscine en buvant des bières.

[échange de rires]

C : - On verra moi je vais prendre la deuxième option, je vais prendre les bières et la piscine. On verra, ça va me refaire.

J : - Merci beaucoup    

 

Mode opératoire

 

    La librairie de mes amies va accueillir ce soir le fils de l'auteur de l'Attrape-Cœurs. Je relis quelques documents tout en me disant que j'imaginais mal l'auteur de The catcher in the rye être un père attentif, présent et aimant, lorsque par sérendipité, je suis tombée sur cet article-ci. Je me souvenais de ce que Joyce Maynard avait relaté, je prends conscience qu'il s'agissait de quelque chose de systématique, entrer de façon épistolaire en contact avec des femmes, plus jeunes, qui seraient touchées ; il avait les mots et son brin de notoriété.

Je me suis souvenue d'une de mes amies me montrant, ravie, un message que #AnotherTed lui avait envoyé, suite à un mot bref qu'elle avait émis après que je lui avais fait lire un de ses romans.

Rétrospectivement, je ne peux que me blâmer moi-même de mon excellent niveau de naïveté.

“I have a cache of Salinger letters, too.”. We all have, haven't we ?

En même temps, après la disparition de Marie, sans signes avant-coureurs autres qu'une absence de réponse aux derniers messages, ni explication rationnelle, j'étais si désemparée et perdue que mon équivalent Jerry a mené un rôle salutaire, du moins les premiers temps. Je ne saurais regretter la tendresse, et les plus beaux des écrits, des moments. Et puis il m'a en quelque sorte offert une ville que j'aime toujours. Et Noé est un jeune réalisateur prometteur (c'est toujours si beau de voir un talent bourgeonner puis fleurir).

Keep running.  

 

PS : Concernant J D S tombée sur un article qui parle d'un film dont je serais curieuse (mais pas directement à voir avec le sujet du billet)

En parlant de nostalgie

Retournés dans le quartier pour cause d'expos à voir (un beau cadeau que mon amie Raphaëlle m'a fait) et au restaurant Le Carré Champs Élysées pour cause d'expo trop affluente. Je n'y étais que très peu repassée depuis Livre Sterling, j'ai encore mal d'y voir un Nicolas à la place de la belle librairie. Du coup en rentrant voulant vérifier quelque chose dont je ne me souvenais plus, j'ai tapé "Librairie Livre Sterling" sur les moteurs de recherche et je suis tombée sur cette video Comme l'écrivait Carl Vanwelde un jour sur son blog Entre café et journal une pensée, on a tous une période de notre vie pendant laquelle nous sommes vraiment nous-mêmes, une sorte de meilleur moment de soi. Pour moi ce furent les trois années à Livre Sterling, même si compte tenu de différentes perspectives il n'est pas exclu que je connaisse à nouveau un bon bonheur professionnel (1). (1) La période actuelle est d'ailleurs fort stimulante et heureuse, seulement elle manque un peu de stabilité dans les rentrées d'argent. Nous sommes deux personnes à travailler pour quatre adultes à la maison, même si certains efforts majeurs fournis sont derrière nous, ça n'est pas évident.

Souvent j'ai comme une nostalgie des époques ou V. ou F. étaient dans ma vie

ce qui me sauve c'est d'être très consciente que l'idée que j'avais d'eux n'était pas la vraie personne, laquelle possédait des caractéristiques de ce qui suit (sans doute pas tant de perversion concernant V. mais quelque chose qui sévèrement va mal chez elle, est dangereux pour elle et pour les autres, sous des dehors formidables). Au passage je me demande si Ariane A. va bien. Je ne sais pas pourquoi je suis persuadée que ça y est c'est finit entre elles et qu'elle qui éprouva ce que j'éprouvais a aussi morflé. Mais que faire ? (et puis : peut-être que j'ai tout faux)

La part de rêve

La part de rêve se trouve sans doute par là. 

Comment faire pour le rapprocher de la réalité ?

Ce doute qui plane

Je n'y pense presque plus, aimé-je croire, du travail par dessus la tête, des soucis d'adulte qui a perdu ses vieux parents, le sport (les entraînements), pas le temps pour (le sexe ni) les sentiments.

Et puis un statut chez un ami me remet en mémoire ces doutes que j'avais eus et repoussés, c'était si ridicule, concernant le Grand Belge Bien Aimé, et cet étrange déni, ce décalage entre certains de ses messages ou SMS, qui étaient ceux d'un amoureux, et d'autres où il disait que je ne devais pas croire ça, comme c'était incohérent. Compte tenu du style, du moins pour les mails (un texto, c'est un peu court), il était certain qu'il était l'auteur des phrases. Mais un jour de détresse, un jour de ceux des messages en mode Non ce n'est pas toi la fille que j'aimera , je m'étais demandé tant l'écart était inconcevable s'il n'y aurait pas eu un de ses fils pour vouloir faire cette blague, ou peut-être celui qui m'aimait bien et qui aurait voulu nous rapprocher, de copier des mots que le grand séducteur adressait à d'autres, changer le prénom, la cohérence d'un détail physique, remplacer Bruxelles par Paris et m'envoyer le message. Ou peut-être était-ce le fils ingénieur, celui que je ne connaissais pas, mais qui aurait eu toutes compétences pour hacker les comptes de son père, peut-être au départ dans l'idée de le sortir de sa dépression, grâce à la malheureuse Parisienne qui, au lu des mails, semblait sympa.

Une autre hypothèse, si l'on écarte celle du pervers narcissique jouant la partition du déni, pourrait être des troubles de la mémoire et de réelles oscillations à n'en plus se rappeler de l'état d'âme précédent.

Heureusement que de mon côté j'ai toujours les traces écrites qui me permettent de savoir que je n'avais pas rêvé. Il y aurait sinon de quoi perdre la raison, douter de tout, éternellement.

Quoi qu'il en soit ce sinistre épisode de ma vie affective m'aura durablement et profondément esquintée. Comment accorder à nouveau sa confiance envers qui que ce soit, après ça ? Quand les mots écrits un jour, sont peu après cruellement niés. 
(en plus qu'à présent, la société des hommes me renvoie que je suis trop âgée).

Mon regret actuel est de n'en être pas encore, comme dans la chanson de Brassens(1), à me dire

"Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Et c'est triste de n'être plus triste sans vous"

(1) Paroles intégrales sur lacoccinelle.net et la chanson sur dailymotion