Via l'ami Xave, merci à lui, mais tout se passe comme si Josef Schovanec m'avait tout expliqué et aussi un de mes anciens collègues (mécontent de mon absence de prise au vent) et un camarade touiton qui lui avait été vu et accompagné enfant.
En fait beaucoup de choses ont été corrigées par mes propres efforts (typiquement : la danse afin de lutter contre l'absence de coordination des mouvements ; le choix délibéré d'être cool sur plein de trucs après une sortie manquée en CM1 d'avoir par trop stressé ; le "jouer aux animaux" qui m'a servi enfant et adolescente d'auto-thérapie) et il y en a beaucoup auxquelles mon aptitude à la joie (quand rien ne va spécifiquement mal) et à la bonne humeur m'ont permise d'échapper. Mais il est bon de pouvoir se dire que cette sensation si fréquente d'être une extra-terrestre et d'être une femme à qui il manque des trucs, qu'il les manque totalement et certaines de mes incapacités absolues (à mentir, à tricher) peuvent un peu s'expliquer. Et que je ne suis pas débile ou inadaptée comme on me l'a tant reproché. Combiné au fait d'être un(e) transfuge social et à la fatigue de la thalassémie - qui rendrait par moment bizarre tout être humain normal - ça a donné un mélange explosif. Très dangereux et très stimulant. C'est assez miraculeux, somme toute, ma survie.
Il faudrait que je puisse faire en sorte que mon expérience puisse servir à d'autres.
Il ne faut pas perdre de vue qu'il y a des atouts : le fait d'échapper aux dérives moutonnières, le fait d'être intègre, celui d'apprendre les langues avec une délectable facilité, une capacité de concentration à toute épreuve.
Et comme je l'écrivais sur Traces que je reste cependant légèrement sceptique, car j'ai l'impression toutes ces dernières années qu'un mouvement venu du monde anglo-saxon tend à "caser" les gens afin de mieux éviter de remettre la société en question. On est donc dépressifs, bipolaires ou Aspies, catalogués ainsi dès lors que des composantes de notre personnalité pourraient remettre en question ce monde de concurrence et de surproduction effrénés. J'aurais tendance à ne penser autistes que les personnes pourvues d'un réel handicap relationnel. De même que pour moi le diagnostic de dépression ne s'entend que si la vie ne va pas mal, quelqu'un en deuil ou qui peine à se remettre d'une rupture, d'un licenciement n'est pas dépressif, il ou elle est en deuil d'avoir subi un sale coup. Et l'on a tendance à étiqueter comme bipolaires, façons de les excuser pour leurs sautes d'humeur, des personnes qui sont tout simplement "soupe au lait" (par exemples) et que c'est peut-être de mettre les gens au boulot sans arrêt sous pression qui tend à les rendre encore plus ainsi.
C'est un grand soulagement de savoir que certaines choses de la vie courante qui semblent être pesantes pour soi seul(e) telle la difficulté à remplir des formulaires administratifs ou à suivre une conversation lorsqu'est très fort le bruit de fond s'expliquent et sont éléments d'un ensemble et par là-même peut-être dignes d'un peu d'indulgence.