2 - I'm not really good at zippers

"Votre coeur que je connais ..."

De façon totalement inattendue, c'est une réplique de "La Belle et la Bête", le vrai celui de Cocteau avec Jean Marais si remarquable malgré que le film soit daté (1), qui m'offre une clef de compréhension.

- "Votre coeur, que je connais, ne peut se résoudre à lui vouloir du mal." aucun vieux père ne m'a dit pareille chose, mais là se cache la persistance de ma peine. Je vois la souffrance derrière la cruauté ponctuelle de qui a failli me tuer, je persiste à percevoir le coeur d'or qui bat malgré les fêlures aux conséquences violentes, j'ai pitié plus que peur, et ne sais ni trahir ni mentir.

- "Il t'en coûtera d'être bonne" dit-il aussi. Je connais ce prix quand la bonté est constitutive et non pas volontaire et sagement mesurée.

Je n'ignore pas non plus que ces situations sans issues n'en trouvent d'heureuses que dans les contes de fée.
Il me manque trop de choses pour déjouer la vraie vie et des humains les sentiments fluctuants.

Jean et Jean, si seulement vous pouviez repasser m'aider.

PS : Je n'ai pas besoin de robe de princesse, le gant suffirait.

 

(1) Et ces façons de jouer pour les gros plans d'antan si surranées.

 

Too much of a Jekyll and Hyde something

Comment peut-on écrire "et je me suis jurée de demander des nouvelles du petit garçon" (1) d'un enfant qu'une photo montre en détresse et par la faute des armes dont nous (collectif occidental, mais assez particulièrement français) faisons commerce,
alors qu'on peut dire et sans raison apparente quelque chose comme "Va mourir" à une proche amie que la vie accable et avec laquelle on vient pendant quelques trop longs mois de se serrer les coudes pour une cause commune et qui n'était pas gagnée
(même si on l'a dit très tristement, et qu'il y avait de la souffrance) ?

Quelque chose ne va pas. Et qui n'est pas chez moi.
A présent que je suis sauvée de la culpabilité injustifiée, c'est pour toi que j'ai peur.
J'aimerais pouvoir aider.

Je ne sais pas quoi faire.

(1) Ce que j'aurais moi-même fait, d'ailleurs. La question n'est pas là.

Au moins (plus aucun)

(brouillon potentiel pour "de trop" ? à moins que 4ème couv si option 2 hélas choisie, j'aimerais autant éviter)

(le père tombe gravement malade)
Au moins en ce moment au bureau c'est calme.
Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien.   
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.
Au moins il y a les livres.
Au moins il y a nager.
Au moins j'ai la photo.
Au moins je peux toujours écrire.
Au moins fors la thalassémie, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares.
Au moins mon fils et ma fille vont bien.

  

(le père meurt)
Au moins il a cessé de souffrir
Au moins en ce moment au bureau c'est calme.
Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien.   
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.
Au moins il y a les livres.
Au moins il y a nager.
Au moins j'ai la photo.
Au moins je peux toujours écrire.
Au moins fors la thalassémie, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares.
Au moins mon fils et ma fille vont bien.

  

(quelqu'un que j'aime à lire et qui est grande amie de ma grande amie se fait enlever dans l'exercice de son métier)
Au moins en ce moment au bureau c'est calme.
Au moins j'ai enfin obtenu le mi-temps tant attendu.
Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien.   
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.
Au moins il y a les livres.
Au moins il y a nager.
Au moins j'ai la photo.
Au moins je peux toujours écrire.
Au moins fors la thalassémie et l'épuisement du surmenage, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares. Et nous bossons ensemble à secourir celle qui souffre.
Au moins mon fils et ma fille vont bien.

 

(la grande amie de ma grande amie est libérée avec qui l'accompagnait)
Plus besoin d'aucun au moins.
Juste la santé à se retaper, parce qu'il est vrai qu'à mener une telle double vie, je m'étais littéralement épuisée.

(mon engagement quoi que victorieux n'est pas exactement bien vu par tous)
Au moins en ce moment au bureau c'est calme.
Au moins je ne vais plus au bureau qu'à mi-temps.
Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien.   
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.
Au moins il y a les livres.
Au moins il y a nager.
Au moins j'ai la photo.
Au moins je peux toujours écrire.
Au moins fors la thalassémie et l'épuisement du surmenage, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares.
Au moins mon fils et ma fille vont bien.

(le mari annonce un doux soir de septembre sans dispute préalable, qu'il en aime une autre depuis plus de 15 ans)

Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien.
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.

Au moins je ne vais plus au bureau qu'à mi-temps.
Au moins il y a les livres.
Au moins il y a nager.
Au moins j'ai la photo.
Au moins je peux toujours écrire.
Au moins fors la thalassémie et l'épuisement du surmenage, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares. Et nous bossons ensemble à secourir celle qui souffre.
Au moins mon fils et ma fille vont bien.

 

(la gynécologue m'annonce sans ménagement que j'ai un cancer du sein - après un petit lot d'examens complémentaires, le chirurgien vers lequel elle m'aura envoyé décidera que c'est prématuré -)

Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien.
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.

Au moins je ne vais plus au bureau qu'à mi-temps.
Au moins il y a les livres.
Au moins il y a nager.
Au moins j'ai la photo.
Au moins je peux toujours écrire.
Au moins fors la thalassémie et l'épuisement du surmenage, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares.
Au moins mon fils et ma fille vont bien.

 

(ma fille tombe sérieusement malade d'une pathologie chronique à caractère héréditaire)

Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
(Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien). Je ne donne plus vraiment de nouvelles afin de ne pas plomber, sur le moment peu le remarquent.
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.

Au moins je ne vais plus au bureau qu'à mi-temps.
(Au moins il y a les livres). Du mal à lire
(Au moins il y a nager). Difficile maintenir disponibilité
(Au moins j'ai la photo). Plus vraiment le temps ni la liberté d'esprit pour de vraies chasses-photos
Au moins je peux toujours écrire.
Au moins fors la thalassémie et l'épuisement du surmenage, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables. Peur de la maladie ? Lassitude devant toujours du noir ? Se font lointains.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
(Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares.) Elle se fait étrangement silencieuse. En même temps sa vie professionnelle passe à la vitesse supérieure, alors peut-être que ça se comprend.
Au moins mon fils et ma fille vont va bien.

(elle a un mieux puis une sorte de rechute, de mon côté médical nouveaux examens)

Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
(Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien). Accablée je me tais, ne vois presque plus personne.
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.

Au moins je ne vais plus au bureau qu'à mi-temps.
Au moins il y a les livres.
Au moins il y a nager.
Au moins j'ai la photo.
Au moins je peux toujours écrire.
Au moins fors la thalassémie et l'épuisement du surmenage, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
(Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares.)
Au moins mon fils et ma fille vont va bien.

("Ce serait mieux qu'on ne se voit plus"). 

Au moins j'ai la chance d'habiter (tout contre) Paris.
(Au moins j'ai de bons amis et de chouettes cousins, avec eux je suis bien). Accablée je me tais, ne vois presque plus personne, deux ou trois courageuses se rapprochent néanmoins.
Au moins l'homme et moi avons notre amour pas merveilleux mais stable et qui m'aide à tenir.

Au moins je ne vais plus au bureau qu'à mi-temps. (arrêt maladie)
Au moins il y a les livres.(un seul livre traverse le brouillard "Un homme dans la poche" d'Aurélie Filippetti).
Au moins il y a nager. (arrêt maladie)
Au moins j'ai la photo. (quasiment consignée à la maison, ne peu plus vraiment en faire)
Au moins je peux toujours écrire. (subsiste mais tout en noir)
Au moins fors la thalassémie et l'épuisement du surmenage, je suis en bonne santé.
Au moins les amis intimes sont présents à mes côtés et ils sont formidables.
Au moins mon vieux pote de toujours et ses dons ne sont pas loin de moi.
(Au moins ma grande amie, my soul mate, my long lost twin, is nearby and she cares.)
Au moins mon fils et ma fille vont va bien.

Ma vie n'a donc tenue qu'à un formidable fiston (ça n'était pas de la faute de sa soeur, la pauvre si elle était malade, mais à ce moment-là c'est moi qui aurais dû l'aider et non l'inverse), un ami de toujours, deux ou trois courageuses, et Paris.

Les livres (lus) sont revenus assez vite, la photo dés que j'ai été libérée de la sorte de confinement médical qu'induit l'arrêt maladie (le regard a cependant changé), l'écriture reste teintée au noir mais je sais pouvoir compter sur les mots, ils sont restés. Il y a un point intime que j'ai volontairement omis de mentionner disons qu'il aura été rayé en même temps que santé. A présent revenue mais pas l'aptitude perdue.

Je comprends mieux pourquoi j'ai failli mourir et pourquoi alors que beaucoup d'éléments se sont arrangés, je ne parviens toujours pas à reprendre pied d'une façon un peu stable.

J'ai tenté le même exercice en l'orientant sur les perspectives porteuses. A part l'internet (pour l'écriture), deux ou trois rencontres peut-être décisives (ou pas) et les bonnes santés retrouvées (mais que sait-on de la suite ?), je n'en ai pas trouvées.

Ce n'est pas faute d'avoir cherché. Je n'étais pourtant pas quelqu'un de pessimiste du temps où je pouvais m'offrir le grand luxe de croire absolument en l'amitié et que l'amour ne m'était pas dénié. Plutôt du genre à dire, Bah, on trouvera bien une solution ou : Serrons-nous les coudes et ça passera.

Mes seuls espoirs désormais tiendraient du miracle, s'ils se réalisaient.

PS : J'ai volontairement omis une cohorte de difficultés annexes mais qui du fait du cumul, à leur époque avaient pesé.

Je me disais bien que ça n'était pas vrai

C'est un spam qui m'a mis la puce à l'oreille. "Results are fake" qu'il disait.

Mais bien sûr, ils ont raison, j'avais rêvé, un président non "visage pâle" pour les Etats-Unis, ça ne pouvait pas être vrai.

Je prends soudain conscience que depuis ce jour de février 2006 où tu m'as bannie, si j'y réfléchis bien, la plupart des choses survenues sont fort peu plausibles. Le slam, une belle rencontre qui s'achève 1 an 1/2 après sans vraiment d'autre cause qu'un épisode dépressif chez la personne amie, la rencontre incroyable d'une autre Gilda, l'amie devenue députée, 5 ou 6 prix littéraires obtenus par des camarades, un film fameux qui aide ma vie, un homme dont j'admire les écrits et qui par ailleurs connaissait les miens, les lettres d'Anna, le rythme de travail miraculé, l'aventure collective et discrète du petit journal, la conscience tardive que je connais tant de monde, les prosélytes lyriques, et autres aventures, allons, bon comment ai-je pu croire que ça existait (1) ?

En fait je suis probablement morte ce jour-là , je n'ai pas croisé Philippe Besson, où alors il ne m'a pas reconnue, j'ai filé tout droit et les yeux aveuglés par les larmes me suis fait renverser par le premier tram bruxellois, même pas 33, qui passait par là. Et comme tous ceux morts violemment en conséquence rapide de la violence inexpliquée des autres, j'erre depuis dans un monde parallèle et sans paix, une fausse Europe, une fausse France, où le mari d'une chanteuse dirigerait une république persécutrice de certains gens comme dans l'ancien temps mais juste pas les mêmes et pour des destinations moins systématiquement mortelles, un faux monde qui revivrait des heures financières sombres de 1929. Bien sûr, qu'il y a trop de retours en arrière pour que ça puisse être vrai.

Et puis je le sens bien depuis deux ans, cette irréalité, je le vois bien, cette existence que j'y traîne, qu'elle n'a plus les couleurs du vrai. Vivre sans confiance, zéro, nichts, nada, et sans plus faire l'amour, de toutes façons, ça ne se peut pas.
Et puis aussi : moi capable de nager sans m'asphyxier 50 mètres pap, comment ai-je pu croire possible ça ?

Et que j'étais partie pour de l'autofiction ? Moi qui déteste ça.
Que quelqu'un d'autre que toi s'intéressait à mon travail ? Particulièrement n'importe quoi.

Que je tombe sur toi à la nuit des musées alors qu'il n'y avait qu'un risque sur 60 que ça puisse arriver ?

Que mon fiston à 13 ans chausse du 43, blague à caractère onirique, pas possible autrement.

Que mon dernier rhume, moi qui naviguais naguère d'angines blanches en sinusites noires, date du printemps 2006, est bien la preuve ultime que j'ai changé de dimension. La vraie se déroule désormais ailleurs et Sans moi.

Bon sang, pourvu que dans le vrai monde qui avance pendant ce temps, la santé de ma fille se soit vraiment améliorée, et pour son bac aussi, qu'au moins ça, soit vrai.

Il n'y a guère que l'internet qui est comme avant, c'est le seul élément qui est resté plausible. Depuis 2004 et surtout 2005, j'y retrouve les mêmes gens plus quelques nouveaux, et eux n'ont pas changé. Dans ma vie de fantôme effacé, seule la part connectée ressemble à la vraie, et l'ombre que j'y suis à celle que j'étais.
Vais-je à partir de là pouvoir revenir au monde, où en l'absence d'élément nouveau quant à mon décrochement, ne dois-je plus m'attendre qu'à un prochain néant ?

(1) et si je n'évoque pas "L'hôtel des Blogueurs" c'est qu'il exista de mon vivant.

addenda du 09 au 10/11/08 around midnight : quelqu'un sur facebook a dû lire ou deviner mon désarroi, il a posté entre temps ceci :

Philippe Besson - foire du livre 2006

Je n'aurais donc pas entièrement décroché de la réalité, il y était bien "pour de vrai".

 

Continuer

 

On ne dira jamais assez le bon de l'internet, des blogs et tous ces liens, certes ténus, certes lointains, certes disparaissant parfois comme ils sont venus (1).

Je ne compte plus pour personne, I ain't no first lady. Il y a les enfants, mais qui s'envoleront ; vaguement un mari mais dont le coeur, comme écrirait Marie, n'est plus dans [notre] cuisine.

Les hommes qui ces derniers temps se sont souciés de moi, ce week-end vaquent à leur vie. Je n'y figure qu'en arrière-plan un peu trop triste ou amusant.
C'est ainsi.
Mes très bonnes amies d'aujourd'hui ne peuvent pas (ou plus) être intimes. Deux des plus anciennes m'ont quittée au bord du quai conjoint de l'écriture et de l'internet, ça ne s'était pas vu d'emblée mais l'attaque de la maladie sur notre famille aura révélé qu'elles n'étaient pas montées dans ce train naturel (pour moi) où j'avais sauté. Quand à celles qui font que je suis encore là, on se connaît depuis trop peu, je suis au fond très lente à me laisser approcher, et puis il faut l'avouer, si je n'ai plus cette peur qui m'a saisie il y a deux ans quand m'a quittée celle que j'aimais, sans prévenir, sans expliquer (ou si peu), me reste que je n'ai plus un seul brin de confiance possible à accorder. Difficile d'entrer sans confiance en réelle intimité. Et elles n'y sont pour rien. C'est moi qui suis cassée.

Alors j'allume l'ordinateur pour me mettre à travailler. Le travail non payé, lui, ne manque jamais.
Et voilà qu'un mot sympa d'une inconnue venue lire de loin me rend un peu d'un sourire.
On peut n'avoir plus sa place au monde et être mal configurée pour y (sur)vivre, je n'ai pas assez d'ego pour cette planète du "moi d'abord", et cependant être utile aux autres dont certains qu'on ne connaît pas.
Hier déjà, sur une des annexes, un message datant de deux mois, un remerciement d'être là.

Alors continuer,
un jour de plus
malgré.


(1) mais depuis que j'ai vécu la même chose sur un lien bien réél, je ne considère plus le fait que la rencontre ait été virtuelle comme un critère discriminant.

jusqu'ici très belle année

Ce n'était pas spécialement un blog que je lisais. Mais quand une de mes amies, rayonnante de bonheur, m'a fait comprendre que c'était lui l'homme qui la rendait à présent si heureuse, et comme en plus il écrit assez bien (litote), j'avais dans un élan allègre glissé son site dans la liste trop longue de mon agrégateur.

Quelques mois plus tard, séparation. C'est clairement lui qui s'en va, et c'est son droit le plus élémentaire, mais visiblement il en a fait usage sans préavis et elle se trouve en état de choc, même si elle écrit par ailleurs qu'elle comprend ses raisons.

Cette situation n'est pas sans me rappeler ma première mort. Quand tu m'as déclaré alors que j'étais si heureuse de retrouvailles impromptues, après de mon côté une période par ailleurs très noire, que ça serait mieux qu'on ne se revoie pas.
Je m'attendais au contraire qu'on se tombe dans les bras. Et j'en avais terriblement besoin (pour une fois c'était moi). Mais toi pas.

Grâce à Philippe Besson qui passait par là et se montra comme à son naturel fort gentil avec moi, ce qui me permit de sortir sans me fracasser nulle part du cauchemar où j'ai vraiment cru être (cet être humain me parle, me touche le bras, je lui réponds, nous serions donc en "pour de vrai" ?), puis à mon retour à Paris à mon meilleur ami, vieux pote de toujours et qui a su percevoir que j'étais en danger - plus rien n'avait de cohérence, de sens, et comme parmi mes difficultés de l'époque pesait le tracas d'une maladie grave en fait trop rudement diagnostiquée, autant en finir sans tarder plutôt que d'être un poids, désespérant et désespéré -, j'ai survécu.

Je reste esquintée. Deux ans et demi plus tard et en l'absence d'explication, certaines séquelles perdurent. Je ne parviens plus à aimer.

Une des choses que j'ai tentée de faire pour comprendre fut de me mettre à ta place, toi qui m'avais bannie, bon sang mais pourquoi ça ? Ça n'a hélas pas permis de m'éclairer sur tes raisons possibles, et même si entre temps d'autres hypothèses m'ont été fournies (et me voilà en plus objectivement contrainte de remercier l'un de tes frangins, quel paradoxe épouvantable, ma meilleure amie devient mon assassin et qui lui créait peine depuis tant d'années mon sauveur), je reste sans vraiment savoir la cause de mon malheur ni quelle en est ma part de responsabilité. A part d'avoir trop pesé en raison de mes problèmes d'un automne 2005 qui ne m'avait pas épargnée. Mais je ne l'avais fait qu'en parlant simplement dans mes messages de ma situation (OK c'était, ça pouvait être plombant).

En revanche j'avais compris qu'une telle réaction ne pouvait être qu'engendrée par une grande douleur, quelque chose qui n'allait pas, une souffrance qui fait qu'on arbitre pour soi.
Je ne t'en veux pas.
Et je pensais souvent qu'en songeant à moi, ce que tu as forcément fait, je l'ai lu dans ce que tu as par la suite sous ton nom publié, tu devais te sentir très mal, même si tu ignorais à quel point j'avais morflé.

Mais voilà qu'aujourd'hui, alors que j'avais cessé de le lire tout comme elle, par sorte de pudeur, pour ne pas m'immiscer, par respect, et par crainte de souffrir aussi à la réactivance de sentiments que j'avais éprouvés, chez l'ex-amoureux de mon amie quittée, je lis par inadvertance d'agrégateur allumé et après divers propos sur sa bonne fortune professionnelle, "jusqu'ici une très belle année". Comme si ne comptait en rien, la peine qu'il avait infligée. Petit dégâts collatéral qui ne vaut même pas d'être mentionné.

Et je me dis que s'il a si vitement effacé de son esprit cet épisode si triste (heureux d'abord - il le fut et l'a écrit - puis mal fini, et à son impulsion à lui), tu en as peut-être fait de même. Et qu'à l'an où j'ai failli mourir de ta désaffection si brutale (1), tu avais peut-être toi aussi écrit, car professionnellement il te fut favorable "2006, une si belle année".

Et que tout ça est un peu facile, bousiller les autres et s'en ressortir tout légers, sans la moindre part de responsabilité, comme le font si bien les financiers spéculateurs qui engrangent les profits sans les partager et font subir leurs pertes au reste du monde entier.

Je n'ai soif d'aucune revanche mais d'une explication qui me permettrait de retrouver au moins pour partie ma vision du monde où l'amitié comptait et ne se brisait pas, du moins la grande, sans causes profondes. Dussé-je écrire un livre entier, je l'obtiendrai. Même si elle consiste en l'aveu d'un blocage, et de (qui sait ?) ta propre incompréhension.

Sans parler que je pense que tu fais une erreur, grave, au moins pour ton travail et que je souhaite, calmement, te présenter mes arguments. Je suis un pion pour mon employeur mais pas exactement une poupée de chiffon. Pas pour ceux que j'aime, non.

Tu pourras alors écrire, à ton tour et le coeur léger "jusqu'ici une bonne année", mais sans remords, ni regrets et je saurais t'aider.

Ce qui n'empêche pas de l'autre côté que j'admette fort mal qu'une de mes amies soit traitée par profits et pertes, comme je lis que celui qu'elle aimait et qui l'aimait le fait.

(1) où brutalement annoncée puisqu'elle couvait peut-être depuis un moment, mais comment le savoir si tu n'en disais rien ?

Un bienfait n'est jamais perdu

Voilà plus de deux ans que le coeur n'y est pas. J'ai survécu à l'effondrement de l'amitié fondatrice qui m'avait permis de récupérer ma vie, laissée par trop entre-parenthèses car je croyais bien faire de la consacrer à la gagner, à ma famille, à la patrie, et à faire le ménage.
J'ai survécu, mais je n'y suis plus. C'est comme si ma vie avançait Sans moi.
Souvent je fonds en larmes tant l'absence me pèse de qui je considère comme ma meilleure âme-soeur, fors une capacité de repli sur soi et d'ambition que je n'ai pas.

Pourtant je ne manque pas d'amis, pourtant parfois la chance me sourit, pourtant par certains côtés, j'ai vraiment la belle vie.
Pourtant la succession de difficultés et malheurs qui ont participé de provoquer cette rupture incomprise et (quasi)inexpliquée se sont plutôt miraculeusement arrangés.

Dans les moments où je vais suffisamment bien pour prendre un peu de distance, je me demande pourquoi la simple disparition d'une personne avec laquelle je partageais sauf certains jours fort peu du quotidien (sinon par échanges de messages) me rend si malade, vulnérable et en proie à de sales séquelles. Ce n'est pas faute d'avoir entrepris tout ce qui me semblait possible d'être tenté.

Il se trouve que j'avais participé de tout mon coeur et toute mon énergie et ma disponibilité au comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun.

C'est aujourd'hui au creux d'un entretien qu'elle a accordé pour le site d'une école de Toulouse, que je comprends quelque chose de l'efficacité fatale du chagrin qui me tient.

Elle y explique qu'elle s'est bien remise de la période si dure de sa séquestration :

"Je n'ai pas eu d'avant-après. Je n'ai pas eu l'impression d'être quelqu'un d'autre, ma vision du monde est toujours la même. Je suis revenue dans mon métier."

Voilà pourquoi j'ai été laminée. Ma vision du monde a été arrachée par ce lien que rompait qui l'avait suscité et amené à grandir (1). Elle a été arrachée (le sens de l'amitié en était le mur porteur) pour n'être remplacé que par du vide, du rien, du chaos permanent, ne plus savoir quoi penser de rien.

Enfin puisque j'étais en devenir vers un métier qui ne possède pratiquement pas de porte d'entrée pour qui n'y est pas né, je n'ai pas pu, afin de résister à l'effondrement, y revenir m'abriter. Bien au contraire je suis restée tenue d'assumer un indispensable gagne-pain dans lequel je suis coincée pour au moins trois années (dans le meilleur des cas, que la "conjoncture actuelle" éloigne à chaque instant).

Le comprendre n'empêche pas la souffrance. Mais au moins à présent me voilà moins désemparée face à ma réaction de si grande faiblesse, quand j'avais pu résister à tant d'autres difficultés qui n'avaient pas entamé ma solidité.

Merci Florence (2)



(1) j'étais longtemps restée en rentrait de peur de déranger, jusqu'à ce qu'on m'écrire "Gilda, tu n'encombres jamais", et que je m'en sente enfin libérée, de cette foutue peur de peser induite par une éducation ridicule et toxique.

(2) Je ne sais plus comment vous appeler, pendant 5 mois nous fûmes si proches de par votre éloignement dangereux et forcé, et à présent que vous travaillez à deux rues d'où je gagne ma vie, si éloignées.

Personne à prévenir en cas d'urgence

Dans le titre, le billet

(série : je n'aurais pas dû ouvrir dés ce soir un agenda 2009)

Like a kind of spy

Bien sûr ce livre je l'ai reconnu. Sur la longue table où ils sont présentés, il m'a immédiatement sauté aux yeux.

Je n'y avais pas réellement travaillé, c'était à la marge, n'empêche : des mots passés par moi dedans y figurent.

A-t-il suivi mon regard, vu qu'il accrochait ? Ou bien parlait-il simplement de quelque chose qu'il ressentait ?

Voici qu'il me recommande celui-là d'entre tous, insiste pour me l'offrir, j'ai tellement peur que mon trouble se voie qu'au lieu d'accepter et qu'on parle d'autre chose, je panique et m'en sors (car je ne sais pas mentir) par un :

- Je le connais bien, je l'ai déjà lu.

qui dit la vérité mais s'arrête à l'aveu. Je repars avec d'autres titres en cadeau, me rassure en songeant à Dan Franck qui en terme de telles mésaventures à connu mieux (pire ?). Mais quelque chose fait mal que l'envie d'en rire ne sait pas déloger.

Au début j'avais aidé de bon coeur, l'une et quelques autres, mon monde n'était pas le leur, je n'imaginais pas un seul instant, ni que mes suggestions soient recevables, accueillies puis plus tard sollicitées, ni que je traverserai le miroir. Je pensais rester pour toujours et à jamais la grande amie à qui on demande un coup de main, pour un texte comme pour déménager ou prêter son temps et sa voiture pour aller chez Ikéa choisir le papier peint. Je t'aime, je t'aide. Du moment que c'est dans mes cordes. (Le papier peint ne me demande pas de le choisir, je n'ai aucun goût, au sens aucun = totale absence de, au plus quelques couleurs que je trouve fatigantes).

Mais voilà, sans trop savoir quand ni comment, j'ai traversé une frontière. Je me retrouve de l'autre côté en étrange contrebande, comme en France les sans-papiers, et peut-être par crainte de compromission toi qui quand tu venais en mon pays était si chaleureuse et tendre semble ne plus me connaître. Un ou deux autres également se font plus distants.

Et ce qui était facilement secret, aucun lien entre nous n'était imaginable, devient délicat ou lourd à porter. Je n'ai pas changé de pays par hasard, on m'y a appelé, et comme confisqué mon passeport à l'entrée, rendant le retour impossible.

Et pour autant ici je ne suis pas nouvelle. Je connais les lieux et les gens, et si bien de l'intérieur le travail qui s'y fait. J'aborde avec des années d'habitudes.

Tu me manques alors qu'en fait tu n'as jamais été si près de moi. Ce voisinage qui t'effraie n'est-il donc pas souhaitable ? J'ai tant besoin de comprendre.

Le passé ne passe pas. L'avais-je écrit ou toi ? Je me sens mal à l'aise vis-à-vis d'autres anges, à cause de ce secret qu'on a.

Regarde cette photo que j'ai trouvé (sic) sur Fotolog

Ce matin, pas assez longtemps après le réveil

Inadvertance ou intuition ? Acte manqué, très certainement.


Je souhaite faire suivre une photo fraîchement publiée à une de mes amies en vacances à Roma, dont je suis sans nouvelles depuis un bon mois. Sans nouvelles mais sans inquiétude particulière : nous nous connaissons de façon familiale, en cas de problème quelqu'un préviendrait. Elle n'a pas de goût excessif pour l'internet, qu'elle utilise comme l'outil qu'il est, mais jamais par plaisir (ou rarement). Même si j'aimerais recevoir un mot, je pense tout tranquillement que nous nous reverrons avec plaisir mais sans urgence à nos retours respectifs d'estivales villégiatures, et qu'aussi cette photo malgré une légende que j'ai laissée passer un peu triste, l'intéressera d'un point de vue "architecture d'une ville en transformation".
Je commence donc à remplir le petit formulaire qui chez un des hébergeurs où je place mes photos permet directement d'envoyer un mot aux ami(e)s avec l'image en accompagnement.

Inévitablement, je songe à toi, l'autre absente, celle qui me mine tant, que je ne parviens pas à oublier, pour un ensemble de raisons que Matoo au sujet d'une de ses relations intimes perdue puis retrouvée, mais différemment, exprime fort bien dans son plus récent billet :
"un savant mélange de considération mutuelle, de fascination, de tendresse et de bons souvenirs, tout un faisceau de sentiments qui fait que nous aimons passer du temps ensemble, que l’on se comprend en un clin d’œil" ; auxquelles s'ajoute le fait crucifiant que je n'ai toujours pas compris d'où était sortie cette rupture complètement unilatérale, à un moment de ma vie où j'avais besoin de secours.
Depuis le temps j'ai fini par m'équiper d'un faisceau d'hypothèses relativement plausibles, mais aucune même combinées ne parviennent à expliquer pourquoi cette désaffection lâche et par silenciation, qui  te ressemble si peu ainsi qu'à notre franchise.

En remplissant les quelques zones nécessaires à indiquer vers qui envoyer le lien de l'image choisie, c'est moi du coup qui suis absente, l'esprit ailleurs, un seul instant.
Celui de taper le début de ton adresse habituelle, puis me reprendre, sans conscience d'un décrochement subi, après le @ et enchaîner sur la suite de l'adresse correcte de celle à qui je destinais le partage d'une image.

Au moment de cliquer pour envoyer, j'ai une hésitation, relis, ne vois rien d'anormal et envoie donc la sauce la photo. Mon curieux montage me saute aux yeux, alors même que la page disparaît.

Je m'attends à recevoir un message d'erreur de type "user unknown" ou  "501 Bad address syntax", mais non, rien. Le message semble parti et pas vers les limbes qui parfois se saisissent de ceux qu'on voulait réellement envoyer et nous font pester.

Soudain munie d'un doute solide, je file sur gm*il, tenter de créer cette adresse que je viens de composer avec autant d'improvisation qu'un musicien de jazz un solo. Les robots efficaces me confirment qu'elle n'est plus disponible. Ils me proposent d'ailleurs de belles alternatives.

J'hésite entre la confusion, l'amusement (1) et une forme d'accablement liée à la sensation d'avoir d'une certaine façon perdu mon libre-arbitre (2). On dirait que le chagrin et surtout l'incompréhension (sinon la page de notre affection si profonde fut-elle serait tournée depuis longtemps, avant qu'on me brise je n'étais pas de qui se morfond et je ne suis pas non plus à mon normal de ceux qui pèsent, même en aimant très fort - j'ai la solitude souvent nécessaire -) m'ont rendue obsessionnelle.

N'ayant plus rien à perdre puisque les signes que j'ai pu faire (ceux-là volontairement, et uniquement de loin en loin) pour indiquer que ma vie s'était bien réparée, que je regrettais d'avoir trop pesé lors de ma collection de malheurs en envoyant de trop tristes messages, sont restés sans réponse, sinon une fois un "Non" malheureux mais ferme, je ne me tracasse pas plus que ça de cette distraction inventive.

N'empêche je me demande un peu comment elle sera reçue, et peut-être interprétée alors que l'origine n'en est qu'une erreur. Hypothèse que personne d'un peu censé n'envisagerait.

Me revient alors ce que j'ai parfois pensé : que tu m'avais déjà écrit par mail ou courrier postal pour m'expliquer l'éloignement nécessaire, sans doute au début même de la période où tu en avais ressenti le besoin ou qu'on te l'avait prescrit (3), mais que tout simplement ton envoi ne m'était jamais parvenu. Et que considérant m'avoir tout dit, du mieux que tu le pouvais, tu ne comprenais pas ma pauvre insistance et croyais éventuellement feinte mon incompréhension.

Que tu comprendras d'autant moins après cet erratique envoi au libellé standard dûment pourvu d'une faute d'orthographe qui te rappelleras sans doute un Omar qu'une autre du même ordre accusait.

Rigole, va.

(et ne m'en veux pas).

Le dommage de l'histoire, c'est que je n'ose plus envoyer la photo à qui je la destinais, soit qu'à la réflexion j'ai fini par me dire qu'elle ne méritait pas cette attention-là, soit que j'ai peur de déranger (elle aura déjà tant de mails à rattraper au retour des vacances), soit que je craigne de réitérer l'erreur.

 

(1) Me voilà munie par inadvertance de ta probable nouvelle adresse, alors que tu espérais peut-être "filer à l'anglaise". Des tiers communs probablement n'auraient pas tardé à me la communiquer, mais le "coup de dés", dans l'absolu, est amusant.

(2) Philippe de Jonckheere avait très bien exprimé dans cette note-ci de son bloc-note, ce sentiment extrêmement dérangeant qu'on peut éprouver lorsqu'on se sent manipulés y compris (ou surtout) par soi-même.

(3) Par deux fois en ta présence, j'ai eu la sensation très nette que tu obéissais (à ton coeur défendant).
Mais à quoi ? ou à qui ? Aurais-tu attrapé un gourou toxique ?