Ce qui devait arriver arriva. Une photo sur FB, oh, rien de compromettant seulement des silhouettes, dans les mots de l'allusif, rien à voir avec les images que mon ex bien-aimé à peine après avoir daigné me signaler que j'étais pour une autre quittée s'était empressé d'afficher sur FB (sur le blog que j'avais fini par le convaincre d'ouvrir - ou plutôt : qu'il avait ouvert alors que les blogs c'était mort, tellement il avait mis longtemps à prendre en compte ce que je disais, qui entre temps n'était plus aussi vrai - je ne suis plus depuis retournée, je dois me protéger) et qui figuraient sur celui de sa Dulcinée (laquelle n'avait peut-être, elle, rien à cacher et ignorait le mal qu'à une autre femme elle faisait, je suis à peu près persuadée qu'il lui a fait, comme à moi cinq ans plus tôt, le coup du malheureux solitaire que des femmes cruelles avant nous ont abandonné), ces photos où il la regarde comme il me regardait, où le langage des corps même s'ils ne se touchent pas montre la nature de leur lien. Ces photos qui m'avaient ôtées tout doute : j'étais remplacée bel et bien et je n'existais plus. Escamotée.
Non, celles des amis que j'avais aidés restent encore discrètes. J'ignore où ils en sont d'avoir parlé ou non à leurs conjoints, je sais que si j'étais l'un ou l'autre et encore dans l'ignorance elle me mettraient la puce à l'oreille. Peut-être précisément en raison de leur effort de ne rien afficher qui puisse laisser penser.
J'étais heureuse pour les amis de ce qui survenait ; l'étais un brin moins depuis que j'avais capté qu'une fois de plus se répétait la config la femme aide l'homme à progresser dans son travail, se met un peu entre parenthèse se faisant (1). Et ce soir je doute. Aurais-je indirectement participé à infliger à d'autres la même peine que celle qui m'atteint ? Le moindre bonheur humain est-il nécessairement bâti sur la peine d'autres congénères ?
Je continue pour ma part et dans mon propre cas à jouer cartes sur table. Advienne que pourra. Mais que personne, si possible, ne se sente trahi par moi, que les éventuels chagrins soient clairs et sans duperie.
(1) Le nouveau roman de Siri Hustvedt est splendide sur le thème. Le milieu de l'art accueillera le travail du bien-aimé d'une femme qui y possède un peu de notoriété tandis que la compagne d'un homme au talent reconnu restera dans son ombre et au service de celui-ci (dans 8/10ème des cas). Chaque couple individuellement n'y peut rien, et les garçons seraient bêtes de n'en pas profiter. Mais la répétition du schéma finit par compter.
nb. : ce ne serait après tout que le quatrième cas récent dans mon propre entourage, moi incluse qui paie encore d'avoir trop bien aidé - la version poche chaque jour à la librairie sous les yeux du roman que j'avais aidé à éclore puis si bien contribué à faire connaître juste avant de me faire planter là ; si je n'avais pas si bien fait le boulot, la seconde édition n'existerait probablement pas -.