_ Ce vendredi matin, six mois tout pile après les attentats de novembre à Paris, la grande ville avait opté pour une disparition temporaire. Une forme de fuite au fond peut faire hommage : c'était comme de refuser le printemps en ce jour qui poussait à "faire le point" comme on dit dans le mode managérial qui a envahi nos vies.
Dans le fond en quittant mon job précédant, ai-je donc fait autre chose que fuir pendant qu'il en était encore temps, fuir l'ombre du noir issue des 7 et 8 et 9 janvier pendant qu'il en était encore temps. Et comme j'ai bien fait puisqu'à présent j'ai trouvé ma place dans un lieu protecteur au service (patronne et clients) de personnes qui semblent respectueuses et font preuve d'une solide et belle humanité. À l'opposé des racistes et des spéculateurs dont les réactions en janvier insultaient l'ami assassiné et ses camarades et les anonymes des jours d'après - mauvais endroit mauvais moment, et quelques fous furieux font ta fin -. Pour autant ça n'est pas gagné. D'abord parce que cette forme de guerre est loin d'être achevée. D'où viendra le prochain coup ? Et même en l'absence des délirants armés, qu'adviendra-t-il de nous après les élections de 2017 ? À moins qu'une personne providentielle ne surgisse d'ici là, je m'attends au pire.
_ Ensuite parce qu'à titre personnel, je n'ai récupéré que 30 %, guère plus, de mon énergie. Entamée par tout ce que j'ai encaissé depuis l'automne 2005 et le combiné de l'été 2013 (chômage et rupture subie), elle aura été anéantie par les exécutions de ceux de Charlie Hebdo et ce qui s'en est suivi.
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_ Puisse la trêve que l'existence depuis avril m'accorde se prolonger assez. Avant que pour survivre je ne doive à nouveau migrer. Quitter une zone pour une autre. Esquiver le danger quand combattre est hors de portée.