2 - I'm not really good at zippers

Francis everywhere

(Le titre est un clin d'œil au Marilyn Everywhere d'une amie pour accompagner la sortie de son propre roman)

Alors je lisais tranquille pépouze un billet de blog, lequel parlait en passant (ça n'était pas son sujet principal) de belgicismes et d'expression typiquement québécoises. Et il était question, entre autre, de l'expression "le cul dans le beurre". J'effectue une recherche et première chose sur laquelle je tombe, via wikipédia c'est une citation de F., auquel je ne pensais guère à ce moment là. Mélange de petit bonheur (c'est une façon qu'il ne soit pas tout à fait mort) et de coup de peine (il m'avait quittée un peu brutalement, disons, et j'avais mal réagi, je m'en veux encore), ça m'a fait un coup au cœur.

 Plus tard je recherche l'adresse de Thomas S. ami d'un ami dont je viens de voir le nouveau film, histoire de lui envoyer un petit mot pour dire combien nous avons apprécié son travail. Mes carnets d'adresses ou de contacts sont de vrais gruyères depuis qu'en 2017 j'avais subi coup sur coup la subtilisation de mon téléphone et le vol de mon sac lequel contenait et l'ordi et le vieux répertoire papier. Des sauvegardes m'ont permis de récupérer des infos mais beaucoup sont inexploitables, en particulier des numéros de téléphone ont été restaurés sans le titulaire assorti. Une première recherche ne donne rien. Je pars donc à la pêche dans les messages avec copies d'adresses multiples, puisque nous avons quelques amis communs. Et dans l'un d'eux, à nouveau, celle de F.

Décidément c'était sa journée. Il m'est resté fort présent, surtout depuis son décès qui a rendu la séparation plus définitive encore qu'elle ne l'était déjà, il n'empêche que se "croiser" ainsi deux fois dans la même journée surprend, peine et réconforte.

"Un homme élégant, discret, qu'il faut aller relire"

 

    Cette pépite grâce à l'émission Par ouï-dire de Pascale Tison du 29 novembre 2021 m'a fait du bien à entendre.
Je m'aperçois que je n'avais pas entendu (ou si rarement), le Francis d'avant notre rencontre d'abord épistolaire en septembre 2007 puis réelle fin août 2008. Ça me fait du bien. Nous avons eu chacun un avant, un après. C'est si triste qu'à présent il y ait de son côté une fin définitive.
Aurait-il souhaité que nous nous retrouvions ?
Nous nous étions quittés "au cœur sombre des choses" (1), à mon plus grand regret.

 

(1) Comme il est dit au sujet de livres dans cette video du 22 mai 2017 sur TVcom 

Nous ne serons plus ensemble

 

    Dans son blog aujourd'hui Carl Vanwelde citait Francis Dannemark, un extrait de son doux "Une fraction d'éternité", sur les amitiés qui se délitent puis se renouent. 
Depuis mes projets avortés de reprise de librairie, lesquels suivaient de peu la période de la maladie puis la mort de ma mère, puis l'année de devoir vider la maison de mes parents, l'année suivant la succession d'attentats à Paris, j'ai perdu de vue un nombre certain de mes ami·e·s, trop occupée que j'étais à tout juste surnager. La pandémie n'a rien arrangé, ni le fait d'entamer une deuxième reconversion en sortie de premier confinement et d'être employée à gros temps plein depuis.
Alors on espère un retour à des temps plus calmes, qui ne viendront sans doute jamais, mais l'espoir nous laisse anticiper la joie de retrouvailles, voire réconciliations pour qui était fâché.

Un jour, nous revenons.
Nous sommes ensemble.

Seulement voilà, Francis n'est plus de ce monde, ni le randonneur Philippe, ni le bon vivant Jean-Marc. 
Tous trois morts en période de pandémie mais d'autre chose.
Nous ne serons plus ensemble.
Quelle tristesse. 

It used to be such a good memory

Le mal que je m'étais donné pour faire connaître ce livre, une sorte de fierté enfantine d'en avoir été. Moins d'un an après, un message qui après un ajournement de temps partagés - que je n'avais pas su prendre comme un signe avant-coureur, tant je croyais à la sincérité de qui écrivait -, disait en substance, sous des formules élégantes, Casse-toi j'ai trouvé mieux.
Et par ailleurs la librairie qui fermait, où j'ai été si heureuse de travailler. 

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, vraiment pas. 

Et puis l'on survit.

Le travail d'équipe

Je n'aime pas cette façon anglo-saxonne de faire rejouer les scènes par des acteurs, mais les interviews sont édifiantes. Le jeune Cameron est un humain exceptionnel. Et les enfants ont fait un impressionnant travail d'équipe.

(si tant est qu'il ne s'agisse pas d'un ensemble largement fictionnalisé)

 

 

Après, le vrai sujet reste les violences des hommes sur leur conjointe ou ex-. Et combien trinquent (aussi) les enfants. Voir quelqu'un qui semblait bon (c'est ce dont elle et ils témoignent, un mari aimant, un père attentif) se transformer en tueur physique (et non pas seulement en assassin moral, en personne prête à éliminer quelqu'un d'autre de sa vie, mais non à éliminer la vie de quelqu'un d'autre) doit être un choc absolu.

Mode opératoire

 

    La librairie de mes amies va accueillir ce soir le fils de l'auteur de l'Attrape-Cœurs. Je relis quelques documents tout en me disant que j'imaginais mal l'auteur de The catcher in the rye être un père attentif, présent et aimant, lorsque par sérendipité, je suis tombée sur cet article-ci. Je me souvenais de ce que Joyce Maynard avait relaté, je prends conscience qu'il s'agissait de quelque chose de systématique, entrer de façon épistolaire en contact avec des femmes, plus jeunes, qui seraient touchées ; il avait les mots et son brin de notoriété.

Je me suis souvenue d'une de mes amies me montrant, ravie, un message que #AnotherTed lui avait envoyé, suite à un mot bref qu'elle avait émis après que je lui avais fait lire un de ses romans.

Rétrospectivement, je ne peux que me blâmer moi-même de mon excellent niveau de naïveté.

“I have a cache of Salinger letters, too.”. We all have, haven't we ?

En même temps, après la disparition de Marie, sans signes avant-coureurs autres qu'une absence de réponse aux derniers messages, ni explication rationnelle, j'étais si désemparée et perdue que mon équivalent Jerry a mené un rôle salutaire, du moins les premiers temps. Je ne saurais regretter la tendresse, et les plus beaux des écrits, des moments. Et puis il m'a en quelque sorte offert une ville que j'aime toujours. Et Noé est un jeune réalisateur prometteur (c'est toujours si beau de voir un talent bourgeonner puis fleurir).

Keep running.  

 

PS : Concernant J D S tombée sur un article qui parle d'un film dont je serais curieuse (mais pas directement à voir avec le sujet du billet)

Souvent j'ai comme une nostalgie des époques ou V. ou F. étaient dans ma vie

ce qui me sauve c'est d'être très consciente que l'idée que j'avais d'eux n'était pas la vraie personne, laquelle possédait des caractéristiques de ce qui suit (sans doute pas tant de perversion concernant V. mais quelque chose qui sévèrement va mal chez elle, est dangereux pour elle et pour les autres, sous des dehors formidables). Au passage je me demande si Ariane A. va bien. Je ne sais pas pourquoi je suis persuadée que ça y est c'est finit entre elles et qu'elle qui éprouva ce que j'éprouvais a aussi morflé. Mais que faire ? (et puis : peut-être que j'ai tout faux)

Les hommes (ce soir là) décevants

    C'était il y a quelques années une soirée autour des livres et qui promettait bien. Tu avais enfin déjà compris en ce temps là que les hommes ne s'intéressaient pas à toi, et depuis ce renoncement les retours solitaires ne te pesaient pas (tant). En revanche tu espérais bien un after collectif à refaire le monde, bonne façon de lutter contre le sentiment de solitude qui depuis la rupture avec F. et malgré une chouette petite famille (mais ça ne se situait pas au même niveau, voilà) était quasi permanent. 

Il faisait un temps merveilleux. Tu avais bien envie d'oublier en bonne compagnie que le monde courait à sa perte. 

Et puis voilà, l'auteur invité, qui par ailleurs fut chaleureux et bon, avait donné rendez-vous à une créature. Elle est arrivée juste pour repartir avec lui et s'il n'était pas encore plutôt séduisant, on aurait même pu se poser la question d'une prestation tarifée moyen-haut de gamme. Je suis peut-être trompée par le fait qu'elle semblait n'afficher avec lui aucun lien affectif. 
Fini pour l'espoir de fin de soirée tous ensemble.

Une amie s'était sentie mal. C'était le groupe qui l'avait prise en charge, plus que son mari, désemparé. Ça ne semblait qu'un malaise vagal, et il n'y eut rapidement pas trop trop d'inquiétude. Mais ce fut assez spectaculaire. Je n'avais rien pu faire n'étant pas des plus proches et d'ailleurs je crois bien que la chute eu lieu du côté de mon dos, c'est la personne à qui je parlais qui a dit à un moment donné Mais que ce passe-t-il. Et je tenais quelque chose pour quelqu'un qu'il était difficile de poser. En fait j'aurais pu mais c'est comme si j'étais incapable de mettre cette micro-mission de côté. Ceux qui agissaient étaient assez nombreux. Mais sans doute que ça m'a agacé vis-à-vis de moi-même.

Et rappelé une fois où je m'étais trouvée mal et où l'homme de la maison alors jeune fiancé n'avait rien su faire. C'était d'autres personnes qui m'avaient ramassée.

Enfin il y eu le bon copain que j'estime (beaucoup) qui trouva moyen de faire de l'humour alors que nous rangions lorsqu'il appris qu'ils étaient venus car elle admirait l'auteur. 

Bref, aucun d'entre eux n'avait rien fait de mal, on ne peut reprocher à un invité de prévoir un après soirée sexualisé, ce qu'il n'aurait pas avec la bande de pote, le mari avait fait ce qu'il avait pu, je peux comprendre sa sorte de perplexité, et il n'y avait rien à lui reprocher - j'eusse aimé qu'il fût parfait, comme s'il avait l'habitude -, et le copain avait dit le mot de mauvais esprit qui me serait peut-être venu s'il n'avait pas été si rapide à caler son mot d'esprit.

Mais sur le chemin du retour je traînais cette sensation assez injuste sans doute que décidément, les hommes dans leur ensemble étaient un peu décevants. Je crois que certains jours notre indulgence fout le camp.

Si possible, ne pas pleurer

En fin d'une To-do list, retour de Belgique, il y a huit ans de cela.

Comme disait Nathalie (P) il ne faut jamais regretter ses amours, tous nous apportent quelque chose (mais parfois, c'est rude) (et parfois on est tristes mais soulagées lorsque c'est terminé).

Je suis émue aux larmes de voir qu'il était encore possible d'aller écouter - voir - rencontrer Patrice Chéreau. 

I still miss him (même si nous n'avons fait au mieux que nous croiser) 

Schadenfreude (eine neue Art von)

         Tu t'en souviens fort bien, toi qui des débuts de votre rencontre, curieuse de lire l'œuvre de ce bien-aimé débutant, avais conservé une alerte chez Abebooks.fr, même une fois les livres lus, de cette période où tu enrageais de voir ses SP déjà bradés d'occase, l'ouvrage à peine sorti en librairie. Tu craignais de plus que parmi eux n'en figurent certains que tu avais toi-même contribué à diffuser, brave petit coursier.

Ce soir, dans un interstice, ménage de messagerie. 

Et parmi d'autres alertes, désormais plus professionnelles, tu es entre-temps devenue une libraire aguerrie, les parutions tu suis, en voilà quelques-unes du nouveau roman auto-édité par l'indélicat tant aimé il y a plusieurs années déjà. Et de l'une des œuvres communes commises avec sa Dulcinée. Alors tu t'aperçois que tu as (malgré toi) basculé. Désormais le bradage te réjouit, tu penses même, C'est donc si nul que ça ?
(Ça serait tellement meilleur si la co-écriture avait lieu avec toi).

Et tu tentes de déceler dans cette joie minuscule et mesquine un mieux de ton état.