Je la retranscris ici car le replay ne sera pas disponible indéfiniment : il s'agit donc d'une interview après une étape de la grande épreuve qui se court en France, une étape de plat où il y a eu cassure, à l'initiative du leader du moment, d'un vent assez soutenu et de ses coéquipiers, et quelques-uns n'ont pas vu venir la bordure et se sont laisser distancer par un premier pan de peloton. Ils n'ont pas pu revenir, parce que ça roulait vraiment très fort devant.
Le coureur interviewé fait partie de ceux qui furent distancés ; à sa décharge pour n'être pas parvenu à recoller, il n'est pas au mieux de sa forme ces jours-ci.
Je n'écris pas leur nom parce qu'on sent qu'ils font l'un et l'autre de leur mieux pour faire le job sans s'attirer d'ennuis. J'admire particulièrement le coureur qui parvient à faire cet effort tout en conservant de l'humour, malgré l'autre effort, physique, particulièrement éprouvant qu'il vient d'accomplir - tenter de limiter la casse, en n'y parvenant que partiellement -.
Journaliste : - Encore une journée de galère, elle est originale ma question, non ?
Cycliste : - Ça devient grotesque en fait
J : - Mais non, mais non.
C : - Oh si un petit peu. Ben pour le coup je me sens vraiment comme [nom d'un film avec un célèbre acteur belge]. [bafouille] Aujourd'hui ... Je pensais à une journée un peu plus tranquille et finalement ça a été de la science fiction. Ça roulait à une vitesse incroyable, à un moment on s'est regardés avec [nom d'un collègue] et on s'est dit soit c'est nous qui sommes nuls soit c'est le peloton qui roule très vite.
J : - Je vois pas ce qu'il y a de grotesque à s'accrocher et à ne pas lâcher l'affaire.
[silence]
J (mezzo voce) : - C'est pas grotesque.
C : - Non, mais y faut ... non, non, non ... c'est pas grotesque [se masse l'épaule droite avec la main gauche] c'est pas le bon terme, c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses qui se passent dans une tête, surtout dans la mienne, quand on est dans ces moments-là, on est aspirés par un tourbillon, un œil dantesque de ... de ... de ...de choses négatives et ça c'est difficile.
J : - Dieu soit loué si je puis dire y a la journée de repos. Donc dites-nous un peu, vous avez déjà géré des journées de repos sur le [nom de la course], on a le temps de se refaire une cerise sur une journée de repos et de repartir sur des bases saines ?
C : - Ben [prénom nom] mon directeur sportif va me dire d'aller rouler deux heures et demi en faisant des efforts. J'ai plus (+) envie d'aller au bord de la piscine en buvant des bières.
[échange de rires]
C : - On verra moi je vais prendre la deuxième option, je vais prendre les bières et la piscine. On verra, ça va me refaire.
J : - Merci beaucoup