2 - I'm not really good at zippers

Mes ami(e)s englouti(e)s

Chaque fois j'ai été heureuse pour elles et eux quand les unes ou les autres ont rencontré quelqu'un et que ça a duré, et qu'ils semblaient s'en sentir bien ; même si dans certains cas, je me demandais un peu pourquoi. Je me disais alors que l'heureux élu était peut-être un formidable amants - phrase à mettre dans l'autre genre si l'ont veut, il se trouve simplement que c'est plutôt arrivé à de mes amies -. Ils sont si rares.

Et puis bien sûr il y a les premiers mois d'émois, de l'amour quand il va, pas comme chez moi de se faire quitter à retardement, ce qui est excessivement destructeur (ça fait 15 ans que je ne t'aime pas) ou séduire puis rejeter au moment où auraient dû s'échanger les premiers baisers (je relis les mots d'amour, parfois, en tentant d'apaiser le manque, c'est tout ce qui me reste de celui qui est venu vers moi en se plaignant amèrement de sa solitude pour dire ensuite que notre relation n'était absolument pas amoureuse) ; alors oui dans ces périodes là, l'amie on ne la voit que très peu ou pas : travail, éventuels enfants déjà présents et tout nouvel amant, il ne reste plus un gramme de temps.

Généralement, au bout d'un temps plus ou moins long, le désir se calme, dirait-on et la personne retrouve un brin de vie sociale, d'autant que la compagne ou le compagnon ne dédaigne pas de son côté retrouver ses vieux copains ou une activité dont il ou elle était passionné(e) et que l'autre ne goûte que de loin.

Seulement voilà, certaines ou certains ne reparaissent pas. Ou comme en liberté surveillée : le conjoint vient rejoindre avec lequel, qu'on le veuille ou non, la conversation perd de son intimité. Et qui semble n'avoir pas compris que ce soir-là il n'était pas pressé. Le copain qui a une soirée ouverte (pas chez soi et où passe et repart qui veut quand il veut) a dit qu'il viendrait finalement n'apparaît pas - et plus tard explique que Dulcinée ci ou Dulcinée ça, et que donc il n'a pas pu, désolé (1) -).

Vient un jour où l'on n'ose plus rien proposer, surtout si entre-temps des enfants sont nés et toute l'attention qu'ils requièrent pendant les premières années.

Et se perdent ainsi en route les plus belles amitiés.

 

(1) Curieux quand même que sauf chez ceux que j'ai aimés la femme semble avoir tant de pouvoirs. Surtout quand il n'y a aucun dangers et que c'est clair depuis longtemps.

 

 

Laissée pour compte

 

Serait-elle un peu plus clémente, la vie, que je serai encore une amie de celle que je considérais comme mon âme soeur et qui m'a rayée de la carte sans signe avant-coureur ni réelle explication. Elle accueillerait à l'heure actuelle l'annonce de mes progrès  dans le domaine professionnel vers lequel elle m'a poussée.

J'eusse été la voix féminine de cette video à la confection de laquelle j'aurais participé. Et je ne serais pas restée si longtemps sans faire l'amour. Le succès du livre aussi eût été plus fort (oui, c'est possible).

Le décès qui par ricochet a bouleversé bien des choses et mis au chagrin une des amies qui m'est chère n'aurait pas eu lieu, ou pas si brutalement entre annonce du mal et fin.

Je n'ai pas à me plaindre, ne m'en sors pas si mal, mais la sensation est de plus en plus féroce d'être sans arrêt la variable d'ajustement, celle qui in fine se trouve laissée pour compte, après qu'on lui a enjoint de venir, participer, qu'on lui a envoyé des mots d'amour ou déclaré "Tu n'encombres jamais". J'ignore ce qui fait que je joue toujours ce rôle désormais. De celle à qui l'on dit Tu comprends, et que c'est à l'autre qu'on donne priorité et qui, oui, comprends surtout pour le deuil car quelqu'un que j'aime beaucoup a besoin d'aide, et pour l'âme soeur aussi, car l'amie intime qui m'a succédé est quelqu'un de grande qualité, et pour l'homme qu'il doit avoir sacrément la bite en berne pour renoncer à faire l'amour après avoir séduit, sans même essayer, donc c'est lui le plus à plaindre, mais voilà, à présent, moi, qu'est-ce que je fais ?

Lâcheurs !

Déjà qu'aucun de ceux que je connais n'est un remarquable amant (1), voilà que le même jour un homme oublie notre pourtant simple rendez-vous (rien de compromettant), un autre décommande au dernier moment car je ne suis pas une très intéressante cliente (c'est le dentiste et j'ai la chance d'avoir jusqu'à présent de bonnes dents), un 3ème ne parvient pas à lire mon numéro de carte bleue (j'ai peu de qualités mais une écriture lisible quand j'écris pour être relue), un 4ème ne pense pas même à me convier à fêter une bonne nouvelle (il fera ça entre hommes et très vieux amis sans doute pour pouvoir mieux se vanter d'exploits qu'ils n'ont pas accomplis), et le copain pour lequel je renonçais à rentrer en vélib et donc supportait en métro un morne et long trajet, soudain m'abandonne au prétexte d'une escale pipi.

Peut-être que les raisons de chacuns d'eux étaient valables, surtout le dernier qui est à l'âge où surviennent les ennuis, mais le cumul sur la même femme durant une seule et même journée est un peu dur à encaisser.

(et je ne parle pas même de celui qui parfois prétend m'aimer mais fait si peu pour que j'y croie)

J'en viens à me demander si aucun d'eux n'assure jamais ou si c'est juste avec moi qui à leurs yeux ne suis pas digne, sexuellement, d'intérêt, qu'ils se comportent tous en molassons imprévoyants et autocentrés.

 

(1) J'en viens à croire que ce qu'on lit dans les romans tient de la légende urbaine.

mauvais signe

Alors qu'auparavant il ne le faisait qu'au coeur du vif du sujet, ou bien quand il venait de décrocher pour s'assurer de l'identité si un doute lui venait, il se met soudain à utiliser votre prénom, en cours de phrases ou de conversation, parfois non sans tendresse, souvent au téléphone.

Ne croyez pas à un regain d'attention amoureuse, au sentiment constant, à un élan touchant. C'est au contraire probablement qu'une autre femme a fait irruption et que soucieux pour l'instant de préserver ses arrières ou désireux de profiter du bon sans pour autant ailleurs s'engager, il marque ainsi pour lui-même qui est son interlocutrice afin d'éviter les interférences fâcheuses.

A vous de voir si vous préférez ne rien voir, parce que vous l'aimez et le souhaitez heureux plus qu'à vous en exclusivité, ou parce que vous ne l'aimez plus et avez mieux à faire qu'à chicaner, mais néanmoins, sachez.

chauds et froids

Je lui écris la veille au soir, des mots tendres à hauteur des siens soucieux, élimine les phrases qui pouvaient l'embarrasser, l'heure n'est pas à relancer le conflit amoureux.
Au matin j'envoie de mon téléphone un bref message technique concernant le cinéma.
Plus tard une photo pour partager la beauté d'un instant matinal.

Il me répond assez vite, je n'ai pas été négligée mais reste sur les films et uniquement eux. La photo n'est pas commentée. J'ignore s'il l'a reçue.

Alors que je me débats avec la connexion hasardeuse de l'hôtel décevant, un avis de texto me parvient. Je crois qu'il s'agit de la réponse à celle-ci. Il n'en est hélas rien.
Une vieille amie m'informe d'un refus dont sa fille a fait l'objet pour la suite de ses études.
Est-ce la déception due à l'homme précédent ? Je me demande pourquoi c'est à moi qu'elle en parle si tôt un dimanche, nous ne sommes plus si proches, amorce une réponse courtoise mais aussi détachée que celle d'icelui fut (assez longue mais cantonnée au technique et à l'intellectuel), ne l'envoie pas dans l'immédiat, préférant tenter de régler d'abord mes propres soucis d'outils. Et trop perplexe sans doute aussi.

Je me demande alors si mes propres messages ne semblent pas à l'homme aimé aussi décalés que l'a été pour moi celui de l'amie éloignée. Relis les précédents qu'il m'a envoyés, en conclus que non : ils sont de ceux qu'on envoie sinon à une amoureuse (depuis quelques temps il fait particulièrement attention) du moins à une très proche amie.
Repense à m. "La relation est trop déséquilibrée", si peu de mots pour expliquer un bannissement incompréhensible, et pourtant juste avant qu'elle ne cesse, toute l'attention, toute la tendresse, toute la confiance dans les confidences qu'elle-même exprimait.

Je reste alors désemparée, ne sachant une fois de plus plus du tout où me situer, ce qui vaut pour les deux, et l'amour et l'amie. Ne sachant que répondre je temporise. La connexion difficile m'enjoint de patienter.