J'étais persuadée que l'âge venant, le grand, celui où l'on a du temps libre par rapport à l'obligation d'un emploi, celui où les sentiments sont délestés de toute ambiguïté physique et de séduction, il me présenterait quelques excuses et peut-être moi aussi d'avoir réagi par écrit plutôt que d'attendre un moment de pouvoir de vive-voix se parler, nous nous retrouverions sur ce qui était notre socle commun, de l'écriture, la poésie, et l'humour aussi - un temps perdu, dans l'aventure -.
Et puis soudain, en plein reconfinement, j'avais appris la nouvelle par un écrit public d'un ami commun. Francis était mort. De maladie longue, pas si longue, ou pas si longue de l'avoir sue.
Trop enrhumée, pile au même moment, pour franchir une frontière même intra européenne (j'avais je crois eu un résultat de test Covid négatif, mais reçu les jours d'après ou quelque chose de cet ordre), je n'étais pas allée à ses obsèques et avais dû me contenter de tenter d'envoyer un bouquet.
J'ignorais sa maladie, l'avais vu réapparaître dans mes mentions sur Facebook, avais cru à une publication prochaine et qu'il faisait à nouveau l'effort de communiquer. Avais peut-être fait le geste d'en repartager une ou deux, me disant que peut-être il s'en apercevrait un jour et y verrait un gage de non rancune et de bonne volonté. Je m'en veux de n'avoir pas pigé, d'avoir pêché par optimisme, de ne m'être pas, plus que ça, questionnée.
Depuis, il m'arrive de repenser à lui, principalement pour l'écriture, d'oublier qu'il n'est plus de ce monde pour personne, de penser à celles et ceux de ses proches qu'il m'avait présentés (comment vont-ils ?).
Et parfois, quelqu'un répond à cette question parce qu'il pense également à lui, Pommes d'or, pêches de diamants .
Merci à l'ami de fournir ce réconfort, ce poème que j'avais oublié, et qui fait chanson.