C'était il y a un moment, vers la même période de rentrée. Je me réjouissais entre autres de prochaines retrouvailles, mon grand ami mon presque frère qui était parti en vacances avec juste auparavant des journées trop remplies - mon propre emploi du temps estival, semaines de 35h + déplacements, là-haut sur la colline, n'arrangeait pas les choses, pas vraiment -, me l'avait promis "La mousse sera fin août début septembre". Et puis pas de nouvelles et quand la voix intérieure me pousse à en prendre, malgré que je craignais d'encombrer, c'est pour apprendre que le malheur sous forme de maladie est en train de sévir et l'issue incertaine.
Je prends soudain conscience que je n'ai jamais rencontré la personne directement concernée, le fait d'avoir été présentée à la nouvelle compagne d'un de ses anciens compagnons m'a menée à une sorte de confusion entre les deux personnes, dont je ne m'étais pas préoccupée, pas nécessairement amenée à la (les) revoir souvent (1) ; que c'est un peu bizarre peut-être - il est vrai que j'étais, que nous étions amis avec sa première femme, témoin à notre mariage à l'homme de la maison et moi, peut-être que pour le vieil ami je fais partie de son passé, qu'il n'a pas eu envie de tout mélanger -. J'aime sans doute trop laisser faire et je déteste toujours autant [m']imposer.
Ils étaient loin et j'étais prise par mon travail. Mais je percevais que si le sort avait frappé à Paris, ma présence à l'hôpital eût pu être incongrue - alors qu'affectivement elle m'aurait semblé aller de soi -.
Que très étrangement, comme pour F., la question se posait de savoir si l'autre personne connaissait seulement mon existence - je savais avoir été mentionnée une fois, à leurs débuts -. Et que c'est quelque chose qui vaut le coup d'être interrogé : que savons-nous au fond des fréquentations des personnes qui nous sont très proches ? (2)
Je prends conscience aussi puisqu'il ne souhaite pas davantage communiquer que notre relation est déséquilibrée : en cas symétrique, il serait indéniablement la personne vers laquelle je me tournerai - Marie et Francis m'ayant quittée, si proches qu'ils furent, et les autres ami-e-s tout formidables qu'ils sont étant un cran plus loin -. Ce malheur parce que je découvrais qu'il ne me concernait qu'indirectement, m'avait fait comprendre que j'étais seule, qu'il n'y avait plus de proche d'entre les proches, d'âme sœur, de confident-e-s. Pour autant, très attachée à celui qui en premier rang le subissait, j'étais incapable de le mettre à distance comme une tristesse qui ne modifie en rien notre quotidien.
Et pour autant et une fois de plus il fallait continuer, tenir bon et comme rien n'était officiel et précisément pas ce lien de fraternité que je ressentais si fort mais qui n'était pas d'être en fait affiliés, devoir faire comme si de rien n'était en n'étant pas même certaine d'être informée de ce qui surviendrait.
(1) Entre autre parce que notre domicile est devenu impraticable. Il faudrait ranger et faire des travaux. Et l'homme de la maison n'est pas plus à l'aise avec mes fréquentations que je ne le suis avec ses collègues de pétanque.
(2) Ce qui rejoint la question des personnes que nous perdons lorsque quelqu'un nous quitte unilatéralement. Je n'ai plus revu François et Élie (et moins encore Louis et Lucie, seulement croisés avant), Lydie a disparu de ma vie bien avant de perdre la sienne, j'ai perdu Noé et Lucas, se souviennent-ils seulement de moi ?, il m'arrive même de rêver de Nelson et des chats.
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