Chaque fois que je tombe sur un article qui a trait à Marie Trintignant, comme ce soit celui-là, je pense à l'instant précis où j'ai appris la tragédie, alors que je faisais quelques emplettes de papeterie en la compagnie de ma collègue et amie Sylvie (Gi.) un midi de banque après la cantine. Dans cette boutique de Buro + (ou Office Dépôt), un fond sonore était diffusé provenant d'une radio, peut-être FIP, pas de publicité et parfois un flash d'infos, et je me souviens de sentir mon cœur tomber dans mes chaussures en ne captant tout d'abord que les mots Marie, drame, pronostic vital engagé, cinéma. Seulement ensuite - alors peut-être que ça n'était pas FIP mais une radio qui annonce les infos avant de déplier chacun des sujets - j'ai entendu son nom de famille et j'ai été triste quand même, pour elle, ses enfants, ses parents, affligée qu'en l'an 2000 passé, un type puisse encore frapper sa femme à mort, et aussi en colère, mais moins concernée. Il ne s'agissait donc pas de celle que je ressentais comme ma presque sœur, lorsque les sœurs sont proches, s'aiment et se ressemblent. Sylvie a fort justement conclu "C'est moche de partout". Et j'ai pensé qu'il vaudrait mieux qu'elle ne s'en sorte pas plutôt que de survivre légume, pas quelqu'un comme elle, pas quelqu'un comme ça.
Au court de l'après-midi de travail j'avais pensé à elle plusieurs fois. Des souvenirs du voisin qui frappait sa femme me revenaient. J'étais inquiète pour mes parents. Soulagée de savoir me battre, aussi ; afin de ne pas finir ainsi.
Ce qui fait bizarre, treize ans plus tard, c'est également de se dire qu'elle serait peut-être morte de tout autre chose entre temps et depuis ces jours-là.
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