La première paie est tombée. Je n'ai pas été trop déçue, je m'attendais à pire : c'est une chose de connaître sur le contrat le salaire brut, une autre de voir ce que ça donne réellement en net là où l'on est et si des avantages annexes sont généreusement ou non comptés.
Ma planche de salut me rapporte donc une fois les sournoises CSG et CRDS déduites (1) et rapporté à l'heure : 7,40 euros.
Au tarif de Paris, en gros je gagne deux demis. Je n'en ai pas fini de m'habiller et me chausser dans la rue (en même temps : elle s'est vraiment montrée généreuse, et finalement ainsi je me vêts plutôt mieux : les femmes qui ont assez d'argent pour se délester d'un bon vêtement par simple lassitude ont plutôt bon goût).
Heureusement sauvent également la mise les chèques déjeuner. Il y en avait pour 138 € et le demi-pass navigo 33,55 €.
J'ai lu (entre autres) le "Petit traité de la pauvreté" de Doris Séjourné et je n'ai pas oublié d'où nous venons, le père de mes enfants et moi ; je sais donc très exactement qu'ainsi lotie et tant qu'il a encore son propre travail et un salaire décent, nous faisons partie des privilégiés. Même si une fois tous frais payés - et à part mon inscription coûteuse à la danse (mais comment m'en passer, je suis ce cours depuis 28 ans, il me permet d'habiter mon corps, j'aurais tant de mal sinon) et d'avoir encore notre fille à charge (2) tant que la santé n'est pas bonne, les études non achevées, ni un travail trouvé ; nous n'avons aucune dépense particulière et voyageons très peu (3) - nous tombons chaque mois dans le rouge écarlate.
J'ai d'autant moins à me plaindre que ce travail me va et que j'ai plaisir à m'y consacrer.
Il n'empêche que vivre à Paris avec le smic ou moins tient de l'exploit.
(1) Mais comment avons-nous pu nous laisser faire un truc pareil : payer des impôts sur des sous qu'on ne touche pas ?
(2) Le fils aussi mais il a cinq ans de moins, dépense peu et se contente de 4 fois moins qu'elle en argent de poche mensuel
(3) C'était un peu le drame de ma période de chômage : il n'y avait rien sur quoi rogner, à moins de ne plus avoir du tout de vie sociale. Et comme nous ne sommes pas fumeurs nous ne pouvions pas même arrêter de fumer.
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