On est mercredi et Francis me manque.
C'est le mois de mars et le printemps est plutôt en avance cette année.
L'an passé à même époque, je rêve qu'il me convie à chercher les exemplaires de son nouveau petit roman, voire à prendre un week-end. Ou a obtenir une rentrée financière qui me permettrait de faire l'aller-retour dans la journée. Reprendre la tendresse là où nous l'avions laissée en janvier. Le train partait.
Et puis je n'ai pas d'argent, et il ne propose plus rien, je dois donc faire le simple coursier avenue Marceau. La librairie périclite et il n'est plus question qu'il vienne pour une dédicace comme le patron l'avait proposé en remplacement de novembre puis décembre et que l'auteur avait reporté - dont une fois pour raison médicale sérieuse -.
Alors on se promet de se revoir en juin enfin, deux déplacements étant prévus à Paris payés par ses éditions.
Mais il rencontre la belle blonde spectaculaire de ses rêves - telle qu'il me l'avait précisément décrite quelques années plus tôt, pour me signaler que je ne correspondais pas, même si par ailleurs toutes les affinités y étaient, et que certains messages que j'avais reçus ne laissaient en rien présumer d'une telle sélectivité. Je ne me doute d'abord de rien, les éditions sont en train d'être relancées sous l'égide d'un nouveau partenaire financier. Les messages se sont faits plus courts, je pense à la sortie du petit livre qui doit occuper. Et puis ils restent (quasi) quotidiens, régulier.
Les seules bizarreries sont un aller-retour à Paris en journée le 4 juin sans même prendre le temps de partager un café, au prétexte que rendez-vous de boulots serrés et présence d'un des partenaires professionnel - et alors en quoi serait-il gênant de me présenter ? -. On me laisse espoir pour quelques jours après et en fait de revoyure c'est un reproche de n'avoir pas tenu compte de ce que j'ignorais, qui arrive : tes SMS (jamais sexuels au demeurant, puisqu'il m'avait dit que l'amour était fini pour lui et c'était si crédible entre âge et ennuis de santé et ce que par ailleurs je savais, je prenais soin, naïve, de ne pas peiner) me pèsent il faut s'en tenir à une strice amitié. Et le fatiditique : j'ai rencontré quelqu'un. Et que la psychothérapeute pressait à passer outre "les inconvénients" (sur le coup j'ai cru comprendre ceux que présentaient ma rivale, à présent je me demande s'il ne s'agissait tout simplement pas de moi qui désormais encombrais). Incapable de rester la stricte amie qui tient la chandelle, rôle qui apparemment m'était dans la nouvelle config dévolu, stupéfiée de tant de lâcheté (ne pas même venir à Paris me le dire, ou m'écrire une lettre digne de ce nom, non, seulement au coin d'un message, comme un "Hé, au fait ...") et de désinvolture, je n'ai pu que prendre acte qu'il me jetait et m'en aller.
Une certaine solidarité féminime a joué (hélas trop tard).
J'ai appris des choses que j'avais pour partie intuitées mais que j'aurais préférer ignorer. Pour pouvoir m'en tenir à ce que j'ai cru d'un homme qui m'avait semblé bon, aimant, attentif aux femmes qu'il aimait, généreux, secourable ; et pas seulement grand séducteur et effectivement séduisant.
Près d'un an après je reste aussi désemparée qu'au premier jour du message qui me supprimait. Si je n'avais pas lu quelques années avant "Les femmes du braconnier" je serais tombée dans un désespoir sans fond. Là je sais que je ne suis qu'un élément de plus d'un cas déjà dûment répertorié.
Il n'empêche que je ne parviens pas à ne plus aimer l'homme que j'ai cru qu'il était. Et que ses mots ont bien fermé la porte pour celui qui est là, mais ne m'aime qu'à moitié, et qui pourrait venir - suis-je si vieille et si laide qu'il ne faut plus rien espérer ? Un regard hier soir m'a laissé croire que non. Nouvelle illusion ? Tous les hommes n'ont pas une bite sélective à la place du cerveau ou alors ne s'amusent pas à "envisager" celles qui ne correspondent en rien à leur cahier des charges et à profiter qu'elles soient délaissées pour les entraîner dans une voie sans issue -.
I just keep feeling lost without translation. And missing the one I thought he was.
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