Je ne sais faire abstraction de cette stupéfaction, lorsque meurt quelqu'un que sans forcément connaître personnellement, j'ai croisé et avec lequel j'ai déjà discuté, d'être la survivante du lot (pour l'instant).
Cet homme qui avec énergie nous faisait nous esclaffer de rire avec l'histoire de l'attachée de presse à la parcelle de salade coincée entre ses dents blanches, et que j'écoute en rassemblant mes forces, épuisée par mon travail alors toxique, et ce qui m'a semblé quelques mois plus tard (en fait plus d'une année) le voilà éliminé par "une longue maladie".
Cet autre qui me demande de saluer mon patron, dit On tiendra encore bon, et quelque chose comme Il ne faut pas renoncer de manière prématurée. Et vient de rendre les armes, non sans avoir lutté. Ce jour-là moi pas si vaillante, essorée par le chagrin d'amour et jamais remise du chagrin majeur d'amitié, survivant à l'heure l'heure, lui en homme qui selon les critères du commun des mortels a réussi dans la vie. Je suis toujours là. Plus lui. Et le chagrin me tient toujours compagnie.
J'ai la sensation que je dois faire vite, écrire pour témoigner (tant pis si la littérature n'y gagne pas grand-chose). Le temps est sans doute compté.
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