C'était cet examen médical récurrent chez les femmes, du moins d'un certain âge. On se dit que c'est de routine jusqu'au jour où on vous annonce qu'il y a quelque chose, là.
Puis qu'un médecin vous dit, il faut opérer.
Puis qu'il ou elle vous envoie chez le chirurgien. Lequel vous prépare au pire, hésite ...
et ce jour-là, pour moi, sans doute à cause de l'aspect étrangement juvénile de mon corps, se dit finalement, non.
Mais il faut surveiller.
Alors on surveille.
Amoureuse et dépourvue de carte vitale suite à l'action d'un pick-pocket susceptible, j'avais laissé filer deux années. J'espérais pouvoir faire une dernière fois l'amour en entier, je veux dire dans mon corps en entier.
Mais après m'avoir fait une cour délicate pendant 8 mois, il a changé d'avis, physiquement ça ne collerait pas (a-t-il).
À présent il a rencontré quelqu'un.
Pourquoi ne suis-je jamais celle qu'on rencontre ? Qu'ai-je donc de si repoussant ? De si peu mettable ? De si peu attirant ?
Je suis donc retournée surveiller. Un peu indifférente au résultat, désormais. Encore que. Disons que j'ai compris que l'amour était fini, puisque même quand tout y est je ne suis pas éligible, pas même pour baiser ne serait-ce qu'une fois, mais que j'ai quelques trucs que je voudrais finir d'écrire avant de mourir. Entre autre comment le fait d'être délaissée par le père de mes enfants dont j'ai été amoureuse si longtemps mais qui lui aussi à rencontré quelqu'un (tous les hommes rencontrent quelqu'un ; mais ce n'est jamais moi), puis quittée violemment sans signe avant-coureur ni explication concevable par mon amie intime, l'âme-sœur comme on n'en rencontre pas deux dans une vie, a fait de moi y compris pour les autres la femme de trop et sans que je sache ni vraiment pourquoi ni que faire pour inverser cette fatalité.
Médicalement, j'ai eu de la chance au moins pour cette fois.
Un seul savait que je passais un examen médical. Il ne s'est pas le moins du monde soucié de l'éventuel résultat.
Personne d'autre n'était assez proche désormais pour que je l'embête avec ça et surtout pas le non-amoureux qui aime ailleurs désormais et n'aura bientôt plus aucune place pour moi dans sa vie (je ne suis pas même une maîtresse, compte tenu du rapport de séduction qu'il avait entrepris et trop bien réussi, pas non plus une amie, tout juste une correspondante qui cache son désespoir). Je n'avais pas souhaité en parler aux enfants (à quoi bon les inquiéter).
Je me suis donc retrouvée avec une bonne nouvelle partageable avec moi seule. C'est presque pire solitude que pour une mauvaise. Dois-je y voir en creux la confirmation que bien des gens seraient soulagés si je disparaissais ? J'aimerais faire l'amour une dernière fois avant.
Drôle de vie.