Il règne un grand silence dans l'appartement mais l'immeuble aussi. Effet de la neige ? De cette période où les gens bougent pour se retrouver en famille - ceux qui en ont sans en être fâchés - ? Tout au plus quelques bruits d'eau. Un essorage lointain.
Je n'ai pas froid. Aucun engagement, quel bonheur, pour la journée. Personne dans l'appartement. Fors ma fatigue hivernale et du chagrin d'amour, conditions d'écriture idéales.
À mes premiers gestes matinaux, contraceptifs, de toilette, et de déjeuner, je me suis prise à songer au garçon de Samson and Delilah, son dénuement, son premier geste à lui qui était de sniffer un fond de colle ou d'essence pour pouvoir démarrer. Et tant d'humains dont au réveil la première préoccupation est de pouvoir manger et l'hygiène un luxe secondaire. Sans parler du reste.
Revient le sentiment récurrent que je n'ai pas le droit de gâcher ces conditions optimales qui me sont allouées, ni même de pleurer pour les chagrins qui me sont infligés. La donne initiale n'était pas si défavorable et compte tenu des quelques éléments qui l'étaient, je ne m'en suis pas si mal tirée. Il faut donc coûte que coûte continuer. Au moins au nom de tous ceux, contemporains ou ancêtres qui n'ont pas eu accès.
J'ouvre l'ordinateur et me mets au travail.
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