Elle traîne à préparer son sac, passe quelques coups de fil. Trop tard pour finir ce qui attendait avant le départ prévu au matin. 4 jours. Ce n'est pas si loin après tout, ça ne pourra pas faire de mal.Je traîne sur mon propre travail que mon fils interrompt sans cesse pour une lettre de candidature qu'il doit rédiger.
Qu'elle revienne dans mes pensées est bien un peu étrange et de son retour qu'il soit aujourd'hui même. Une brève recherche sur l'internet, un fil d'alerte oublié, confirme l'intuition. Peut-être est-ce un passage du livre de Guenassia sur ceux qui s'effacent soudain de la vie des autres que pourtant ils aimaient qui me l'a ramenée. Sans doute est-ce l'absence de rencontre ce week-end avec S. si présent par ailleurs et aujourd'hui vraiment, comme s'il éprouvait l'ombre grise du regret, qui m'a rendue fragile et de fait (re)connectée.
S. dont j'aimerais tant lui parler. Dis moi qui tu penses qu'il est. Qu'en dis-tu, dois-je insister et contourner cette défense qu'il a sur le tard installée par panique du passé ou toi qui le connais d'avant, crois-tu que la seule façon de sauver ma peau est une nouvelle fois d'encaisser une rupture ? Ça te fait rire ce qui m'arrive. Toi aussi, si tu n'avais pas eu François. Je m'en doutais, va. L'histoire du peigne s'était en pensant à lui, c'est bien ça. Je ne mets même pas de point d'interrogation, c'est presque pour le pur plaisir de te l'entendre dire. Tu te débrouilles mieux que moi. J'aimerais tant un instant dans ces bras, au moins ça.
Depuis mon année noire je n'ai pas fait l'amour. En tout cas, pas en ce sens là. Du coup même s'il voulait, peut-être que je ne saurais même pas.
Je n'ai pas changé tu vois, j'aide toujours tout le monde et dés que les uns ou les autres vont mieux ils s'envolent. Certains le font avec brutalité, en m'accusant de choses qu'ils sont les seuls à avoir imaginé. C'est une façon de se dédouaner.
Comme quoi on n'apprend rien du passé, ou tout de traviole (ce qu'avec moi il fait). Non, pas même un baiser. Tout le chemin jusque-là et pourtant dieu sait si, brisée, je venais de loin et puis au moment où, l'instant où doivent s'ouvrir les bras et le champ des possibles, grand coup de frein et dénégation. J'en ai été malade une partie de l'été.
J'ai appris qu'Hervé aussi t'avait un jour aidée. Ça m'a flattée tu sais ; redonné par ricochet confiance en mes capacités. Non, non, pas par S., il n'a rien dit et d'abord le sait-il ?
Tiens, sur l'orthographe toi et moi on n'est pas bien d'accord. Je sais pourquoi. C'est mon côté fille d'immigré. Le français a une histoire, il faut la respecter, la langue est belle un peu difficile, il faut la mériter. Je ne voudrais pas d'un français au rabais. On peut bien faire l'effort.
D'accord avec toi que ça ne doit pas gêner pour inventer.
Avant de prendre ton train, crois-tu que tu aurais vite fait le temps pour un café ? Pour S. j'aurais tant besoin d'être conseillée. J'ai peur de lui faire mal mais si je reste la bonne amie crains de rester brisée. Je tiens mal debout depuis plusieurs années, même si enfin libérée d'usine. Tu l'as su ? Je m'en doutais. Pour partie c'est toi que je dois remercier, tu sais.
J'aimerais tant ton avis. Toi seule l'un comme l'autre nous connaît. Et puis tu as de la psychologie.
Elle se prépare un thé. Pense soudain à S. auquel elle n'avait pas songé depuis plusieurs années. Qu'est-ce qu'il devient ? Rien vu de lui depuis un moment. Est-ce que sa situation s'est améliorée ?
Je regarde l'heure. Éteins l'ordi. On m'attend ailleurs dans Paris. L'instant de trêve, la réapparition, m'auront fait du bien. Je pose les "pourquoi" des ruptures et rejets jusqu'à au moins demain. Puis à lui calmement écrirai.
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