Au cœur de la nuit, deux nuits de rang, la fièvre me réveille et de suffoquer. Rien qu'un mauvais rhume sur un lit de chagrin. L'amour qui présentait si bien n'en était pas un, à l'heure du premier baiser qu'on sentait approcher, il m'a rejetée sur un mode préventif : j'ai déjà aimé comme nous pourrions le faire et ça s'est mal passé donc je ne t'aimerai pas.
(... mais pour le reste je veux bien de toi. Le reste, quel reste ? Et de ce que j'éprouve, je fais quoi ?).
Je cherche ma respiration et un secours possible. Comprends alors qu'il n'y en a pas. Le père de mes enfants en rêve pour une autre depuis longtemps déjà, assure auprès de moi un service minimal, mode Après tout puisqu'elle est là.
La meilleure amie s'est volatilisée il y a trois ans déjà et en manquant me tuer.
Et celui que j'avais commencé d'aimer, tant miraculeusement tout y était, vient donc de dire, non, pas toi. Je préfère être seul, tu ne me conviens pas.
Mon père est mort depuis 5 ans (déjà ?). Ma mère, au fond, ne m'aimait pas et a tout fait pour m'empêcher, me canaliser dans la vie imbécile que pour moi elle rêvait, puisqu'elle-même s'était privée.
Une sœur aux valeurs des miennes si opposées.
Deux enfants formidables, déjà grands, mais mon rôle auprès d'eux n'est pas de les plomber.
Un meilleur ami, le meilleur d'un grand frère, mais bien occupé par le nouvel élan de sa propre existence, et qui me confie, yeux brillants, les bonheurs de l'amour neuf, ceux dont je suis bannie (je suis heureuse pour lui).
Des ami(e)s, nombreux et tant aimés, seulement que peuvent-ils pour moi quand j'étouffe la nuit ? Ils ont leur vie.
Voilà. Cette nuit et la précédente, ce fut entre la mort et moi. Plus le moindre rempart, plus le moindre prénom à appeler, de main qui me saisirait, me ramènerait vers la chaleur.
Elle en direct, face à moi.
J'ai alors renoncé. Cessé de lutter. Cessé de chercher à tout prix à respirer. Il n'y avait plus personne à qui faire un dernier adieu. Autant dégager sur la pointe des pieds.
C'est elle qui s'est éloignée. J'ai bien vu qu'elle hésitait. Je suis désormais un élément à sa disposition, détachée. Il n'y a plus personne à qui je manquerais.
Les enfants, oui, sans doute un temps ; mais il est de l'ordre des choses que meurent un jour avant eux leurs parents.
Elle le sait qui me garde en réserve pour son prochain quota délicat et en attendant me considère elle aussi en surplus. Comme j'ai capitulé, je suis à sa merci.
Le souffle est revenu, avec lui le sommeil, mieux que rien, agité. Le réveil fut une souffrance.
J'ignore comment continuer.
Il aurait pu au moins, juste une fois, m'embrasser.