2 - I'm not really good at zippers

septième Milky-Branlou-Questionnaire

 

Ce que j’aime dans les MBQ, c’est qu’ils ne ressemblent à rien ... d’autre. D’une façon générale et sauf si elles parlent de livres ou bien de cinéma, je fuis les questionnaires divers et variés. C’est surtout du temps passé, le caractère introspectif et centré sur soi-même de ces chaînes qu’on transmet.

Les MBQ ont toutes les apparences des questions anodines et sans liens entre elles. Et puis au bout du compte si l’on y répond la vérité immédiate sans chercher à se compliquer la vie, et qu’on retombe dessus longtemps plus tard, on se rend compte à quel point ils donnaient de nous une image précise à une période donnée.

Enfin comme il n’est pas question de transmettre à l’un ou l’autre, ils me donnent précisément envie d’y répondre puisque rien ni personne n’attend de moi que je le fasse et ne sera déçu(e) si je ne le fais pas.

 

Lien vers l'original

 

1/ Que savez-vous, de par votre métier, qu'en général les gens ignorent ?

Je me suis demandée comment comprendre cette question : en effet par mon métier j’ai eu par le passé accès à des informations confidentielles, que l’ensemble des gens ignoraient et qui pourtant au bout du compte ont fini par concerner indirectement chaque contribuable. En même temps ce ne sont pas des choses que mon métier m’avait apprises, pas de l’ordre d’une compétence.

Et si je dois entendre « de part mes compétences professionnelles », je suis bien embarrassée, tant désormais mon métier ressenti est loin de mon métier alimentaire de façade.

 

2/ Si on vous donnait l'occasion de faire un petit voyage dans le temps, quelle époque choisiriez-vous, et pourquoi ?

La fin du XIXème en France, il y a quelques zigotos de la scribouille à qui j’aimerais causer.

 

3/ Un mot ou une expression dont vous avez longtemps cru qu'il ou elle signifiait son contraire ?

Pleurer des larmes de crocodile

 

4/ La dernière fois que vous avez fait quelque chose pour la première fois, c'était quoi, c'était quand ?

Tout à l’heure dans un café parisien et c’était lire 2 ou 3 pages de Proust devant une caméra et une personne (qui la tenait)

 

5/ Un classique de la vie que vous n'avez pas fait ou pas vécu ?

une vraie nuit d’amour.

 

6/ Votre cause perdue favorite ?

mes amours justement

 

7/ Combien de rouquins et de rouquines connaissez-vous personnellement ?

Deux plus un autre que je connais juste de vue

 

8/ Repêchez le dernier navet que vous avez vu au cinoche et trouvez-lui un détail réussi ou intéressant.

Hé bien aussi étrange que ça puisse paraître, cela fait trop longtemps que je n’ai pas vu de navets pour m’en souvenir. Depuis qu’une de mes mauvaises fréquentations avait fait critique dans Marie Claire et me tuyautait sur mesure + la fréquentation assidue du Ciné-club de « l’usine », j’ai trop bien appris à choisir et n’aller voir les films qui me plaisent ou présentent un intérêt que zéro navet.

Ou alors je triche un peu et je cause d’un film vu dans des circonstances particulières (projection presse) « Imagine me and you » et qui n’était pas à proprement un navet mais plutôt destiné à un public juvénile. Ce qui était intéressant c’est qu’il s’agissait d’une histoire d’amour entre deux femmes et que la fin de l’histoire ne condamnait absolument pas (il y avait même ce miracle insensé que l’homme quitté par l’une d’elle comprenait). On était sorti de là mon mari et moi en ce disant Tiens, la société occidentale évoluerait enfin et puis quelques jours plus tard je ne sais quel politicien(ne) faisait des déclarations coupantes sur le mariage homosexuel et qu’il ne fallait pas l’autoriser.

 

9/ A qui était destiné le dernier courrier (le vrai courrier, en papier avec un timbre) que vous avez posté ?

Anna Gavalda

modif du 16/06/07 alors que je venais tenter de bricoler un rétrolien récalcitrant :

En fait non, c'était pour Marie Desplechin, mais dans des circonstances telles (j'étais dans le train sans ordinateur, on venait de se croiser en coup de vent, au sens littéral, bref, un ensemble de raisons et circonstances faisait que le choix du courrier timbre et papier m'était imposé plus qu'un choix véritable) ; je pense que c'est pour ça que j'avais zappé quand j'ai répondu hier soir sans réfléchir. 

C'est d'ailleurs sans doute ça qui est intéressant bien davantage que les réponses elles-mêmes : quand tu as parlé, Milky, de "dernier courrier en papier avec un timbre" j'ai immédiatement traduit "lettre" (en excluant les machins administratifs éventuels) et "en papier avec un timbre" par choix personnel et délibéré.  

 

 

 

Je croyais

Je croyais que le temps qui passe ferait son travail, que la vague de catastrophes qui avait balayé ma vie à l'automne 2005 semblant s'être retirée, les choses peu à peu rentreraient dans l'ordre.

Elle l'ont fait. Sauf pour ton absence qui perdure.

Je croyais que j'étais coupable d'avoir trop pesé par des messages sombres et désespérés quand ma collection de malheurs avait atteint son comble, ce que je croyais son comble, car je ne savais pas encore que tu m'avais quittée. Je sais que c'est là une partie de la cause, je n'étais plus en l'état de penser à l'effet de mes mots sur qui me lirait. Je te prie de pardonner celle que j'ai pu être quand j'ai perdu pied. 

Une de nos connaissances communes que j'ai consultée en désespoir de cause un jour où je voulais un peu trop précisément mourir me l'a dit, Tu avais changé, il est normal que les amis qui avant t'aimaient, ne te reconnaissant plus s'éloignent."  "Il y a toujours une crainte de la contagion du malheur." a-t-il plus tard, non sans raison ajouté.

Il n'a pas tort, je le sais. Mais notre lien n'était ni d'apparat ni d'apparence et profond. Concernant les autres "chers disparus" son explication vaut. Pas te concernant toi.

 Je croyais que l'explication que m'avait fournie le seul ami proche que je n'ai pas fait fuir en lâchant prise face au cumul de détresses et difficultés, explication qui est probablement la plus proche de la vérité (en gros j'ai pris trop de place bien davantage que tu n'en avais à offrir, ne te laissant pas d'autre choix que de trancher - mais dans ce cas pourquoi avoir tenter de le faire par le seul silence, forcément inefficace (?) -) suffirait à m'apaiser. Elle coïncide avec les trois phrases qu'en février 2006 tu m'avais concédées. Elles restent hélas pour moi si loin de me permettre une compréhension de la disparition, que j'ai perçue comme soudaine et brutale, de toute ta tendresse et toute ton affection. Tu savais ce qui à l'époque m'abattait et qu'en y ajoutant ta désaffection je serais en péril. Pourquoi as-tu voulu m'éliminer si je n'ai rien fait ?

Et si j'ai fait quelque chose, qu'était-ce ? Tu n'imagines peut-être pas que je n'en ai pas la moindre idée, d'autant plus que juste avant que tu ne bascules en mode abonnée absente, j'avais aidé de mon mieux à l'un des projets auxquels tu participais de toutes tes forces (1), que tout s'était bien terminé. Que s'est-il donc passé ?

J'ai eu l'intuition en te croisant l'autre jour alors qu'avec A. tu travaillais, qu'elle m'avait en quelque sorte remplacée, qu'il n'y avait pas la place dans ta vie pour deux liens d'une telle proximité. Or elle t'offre un développement professionnel stimulant et rémunérateur quand je ne peux fournir que mon aide élémentaire. Même si celle-ci devient de plus en plus solide (2), je comprends et j'admets bien que je ne fais pas le poids. Sans parler du reste que je préfère ne pas imaginer, même si j'ai pour moi un vestige de jeunesse.

Cette "explication" a tenu quelques jours et est tombée d'elle-même. En temps réel consacré je ne demandais que peu, un effacement absolu et permanent n'était donc pas nécessaire. J'apportais tout autre chose en partage, une belle diversité, ta chance de contourner le déterminisme social.

Je ne demande pas grand-chose, juste de pouvoir comprendre pourquoi tu ne veux plus ni me voir ni m'écrire. Puisque de toutes façons que nous le voulions ou non nous nous croiserons fréquemment (il a suffit que l'état de santé de ma fille soit considéré comme stabilisé pour que soulagée de l'inquiétude pour elle et revenue à la vie civile en 3 mois nous nous trouvions 5 fois au même endroit à la même heure, sans compter celles pour lesquelles pressentant ou apprenant ta présence prochaine je t'ai épargné la mienne), pourquoi n'acceptes-tu pas qu'enfin on parle de ce qui a bien pu se produire et de ce que tu souhaiterais qu'on fasse à l'avenir. Je ne souhaite ni te faire tort ni peser. Seulement pour respecter ta volonté il me faut la comprendre et savoir quelle elle est.

 

(1) qui par ailleurs me tenait à coeur pour des raisons personnelles. Mais jamais je n'aurais oser participer directement si tu ne m'avais pas dit que j'étais la bienvenue même si professionnellement je n'avais pas le bon pedigree.

(2) malgré l'énergie entamée, je travaille d'arrache-pied. Quel gâchis que tu ne puisses en concevoir quelque (légitime) fierté.