C'est à Sylvie de l'Attrape-Cœurs et à Sophie qui était là que je dois la lecture d'"En attendant Bojangles". Elles ont dit ce qu'il fallait c'est-à-dire très peu de choses. C'est un roman dans lequel il faut s'embarquer sans a priori. J'ai d'ailleurs tout le temps de ma lecture songé à "Une journée avec monsieur Jules" de Diane Broeckhoven qui se situe exactement au même endroit de l'étendue vaste des expériences de lectures : le genre de livre vers lequel on ne va pas forcément si on en sait trop mais qui par son élégance, sa subtilité, des choses humaines très importantes délicatement glissées, laissent une trace durable dans nos esprits. Et ça fait du bien.
J'avais eu un peu de mal à "entrer dedans" sans doute précisément à cause du monsieur Jules, lequel m'avait été offert par un bien-aimé qui m'a ensuite profondément peinée, d'où qu'il est difficile de penser à ce petit bijou sans penser au chagrin ce qui est vraiment dommage. Et que par ce stupide ricochet un éclat de chagrin me gênait dans ma lecture d'un livre qui n'y était pour rien.
C'est comme faire une belle promenade avec un caillou dans sa chaussure qu'on ne parvient pas à ôter.
Puis les qualités intrinsèques du roman dansant ont pris le dessus, même si je pensais à plusieurs reprises qu'une femme se fait mieux traiter par les hommes en étant séduisante et folle qu'en étant simple et secourable - mais on ne peut pas reprocher à l'auteur d'avoir fait preuve d'un sens réaliste de l'observation -.
Il possède une belle force d'évocation, pas trop d'effets de style - louable effort pour un premier roman -, en revanche un bel effet de monde un peu magique de part les sentiments que se portent les uns aux autres les gens et de renvoi des difficultés matérielles dans un futur impossible - le pire étant un déménagement -.
Enfin, et ça n'est pas le moindre de ses charmes cette fiction liée à une musique m'a fait le même effet que "Cowboy junkies / the Trinity session" d'Anne Savelli, à savoir que la musique imaginée à la lecture (1) n'était pas du tout dans le style ou le rythme de ce qu'elle est. J'aime beaucoup cet effet : il me prouve combien le texte peut parfois être fort. En l'occurrence pour Bojangles j'imaginais un genre de tango.
Je serai curieuse de lire d'autres romans d'Olivier Bourdeaut. Et suis très reconnaissante envers Sylvie.
"En attendant Bojangles" Olivier Bourdeaut
(éditions Finitude, dif. Harmonia Mundi 07/07/16 - 159p - 15,50 € - ISBN : 9782363390636)
pour tous lecteurs dès l'adolescence.
source : achat personnel (sur conseil pressant)
(1) Je ne connaissais pas cette chanson précise de Nina Simone
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