"Le garçon incassable" de Florence Seyvos
(éd. de l'Olivier mai 2013 ; Points août 2014)
C'est avec "Confiteor" de Jaume Cabre un des livres qui a le plus compté parmi ceux que j'ai lus en 2013 ; et alors que je l'ai acheté à l'avant-veille d'une rupture profonde, inattendue et subie, et donc lu avec la tête à l'envers et les larmes dans les yeux. Ce qui pour un roman doux, où rien de spectaculaire ne survient, tient de l'exploit d'écriture : aucun suspens haletant n'était là pour m'embarquer. C'est dire la force du livre. Il est si ténu d'abord, si profond dans ce qu'il exprime. Ses personnages, une foule de détails, ce qu'en lisant j'ai ressenti, tout m'est resté. Depuis que je lis à titre professionnel, c'est devenu de plus en plus rare, une lecture chassant l'autre parfois trop rapidement.
Il est question d'Henri, ou plutôt de deux Henri, un oncle trop tôt disparu, puis un frère, oui un frère, handicapé, fragile. De Buster Keaton aussi, enfant de la balle, qu'on balançait - son père, les soirs de spectacle, tant qu'il était assez petit, ça faisait rire, ça, l'enfant-projectile, au cabaret -. Leurs trajets, leurs trajectoires, si similaires, si différents. Difficile d'en dire plus sans en dire trop : c'est un roman qui prend par enchantement. En un seul mot : beau.
S'il se trouve qu'en plus on aime Buster Keaton et qu'on a vu et revu ses films, il y a là quelque chose de magique dans son évocation. Florence Seyvos nous le remet vivant.
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