(édition Folio Policier - Gallimard 2007)
C'est l'ami Hugues qui m'a remis ce titre en tête, exprimant sa nostalgie des enquêtes de Mc Cash (et de Joe Strummer par la même occasion, ou l'inverse). Du coup je l'ai lu, sans trop savoir s'il s'agissait ou non d'une relecture : sa parution correspond à une époque où, cadre d'entreprise que son job n'épanouissait pas, je lisais de manière addictive, pour tenir et puis c'est tout. J'essayais de tenir la liste de mes lectures mais n'y parvenais que par bouffées. Beaucoup d'ouvrage sont ainsi sortis de ma mémoire - l'alcoolique se souvient-il des breuvages ingérés ? - sans pouvoir être retrouvés.
Alors parfois à présent que je lis avec le bonheur de n'avoir pas à m'en cacher, puisque lire est du TRAVAIL, je retrouve a sense of déjà-vu qui peut provenir d'une lecture à l'avalée de ce temps-là ou plus simplement d'avoir lus pas mal d'ouvrages du même auteur.
C'est sans doute le cas pour celui-ci. Une impression de retrouvailles avec cet homme à la dérive, les hommes peuvent se le permettre de se laisser aller, ils parviennent toujours à trouver en chemin une femme pour les seconder - une femme à la dérive à moins qu'elle fût au départ d'une irrésistible beauté, le monde entier la vilipende, la laisse aussi tomber -, ses tracas de prothèses qui ne sont pas sans rappeler ceux de Cormoran Strike (1), sauf qu'il s'agit d'un œil.
De la scène d'ouverture j'avais d'ailleurs un souvenir de séance chez le dentiste, et qu'il faut un peu s'accrocher pour la passer.
Cet homme, Mc Cash, donc, apprend par un courrier posthume d'une de ses anciennes conquêtes, qu'il est père d'une petite Alice. Sa première réaction est de rejet. Il n'en démissionne pas moins de son emploi dans la police pour filer voir à quoi ressemble la gosse. On est en Bretagne, avec une qualité de ressenti qui sent la connaissance intime des lieux, des paysages, des gens.
Bien sûr toutes sortes de péripéties et de morts violentes ne vont pas tarder à modifier le cours des choses et pousser le père et la fille l'un vers l'autre. Ce qui est chouette, c'est entre autre que la gamine l'est. Intelligente et pas froussarde. Ça rend l'histoire crédible, quand les ennuis de prothèse oculaire mal soignée semblent un tantinet surfaits.
L'ensemble est bien mené. La présence tutélaire de Joe Strummer m'avait semblée un peu plaquée, mais l'émotion y était et c'est qu'en fait embarquée dans ma lecture je n'avais guère pris garde aux titres des chapitres. Quand j'ai pigé, je me suis retrouvée espantée par l'exercice de style. Et réjouie d'une belle occase de tout réécouter (2).
Et puis, je peux croire au supplément de désespoir qu'un homme déjà désabusé peut ressentir lorsqu'un artiste qui incarnait pour lui quelque chose d'une fraternité admirative vient à disparaître, à manquer.
Il y a quelques phrases qui restent. C'est toujours bon signe.
Et la violence n'est pas complaisante, seulement inévitable. Magnifique scène de massacre au Maroc, avec une explication musclée qui dégénère en beauté.
Après, il n'en demeure pas moins que le roman laisse une sensation d'incomplet, il y a un peu trop d'éléments cumulés, comme s'il avait fallu évacuer ensemble différents sujets.
Le charme les fait tenir.
J'aimerais bien retrouver Mc Cash dans quelque chose d'un peu plus abouti.
(1) qu'il a peut-être inspiré ?
(2) pour le plaisir, la playlist :
- Garageland (The Clash - 1977)
- Career opportunities (Sandinista - 1980)
3. Police on my back (Sandinista - 1980)
4. Somebody got murdered (Sandinista - 1980)
5. Justice tonight (Black Master Clash ? - 1977 à 1979)
6. Train in vain (London Calling - 1979)
7. I fought the law (The Clash - 1977)
8. Straight to hell (Combat Rock - 1982)
9. Up in heaven (Sandinista - 1980)
10. Lost in the supermarket (London Calling - 1979)
11. Ivan meets G.I. Joe (Sandinista - 1980)
12. The right profile (London Calling - 1979)
13. Rock the casbah (Combat Rock - 1982)
14. The sound of the sinners (Sandinista - 1980)
15. Hate and war (The Clash - 1977)
16. Armagideon time (Black Market Clash - 1979)
Commentaires