Grâce à une émission de radio écoutée en somnolant ce dimanche par inadvertance, j'ai (re)découvert que l'auteur de ce poème qui tend à prouver que les hommes peuvent faire preuve de courage et dans les moments difficiles ne pas se défiler (1), et auquel j'aime (encore) à croire était Sébastien-Roch Nicolas dit Chamfort (lequel est mort des suites d'un suicide manqué malgré qu'il s'était terriblement acharné, suicide entrepris sous la menace d'un emprisonnement et d'un coup de guillotine potentiel associé)
Dans ce moment épouvantable,
Où des sens fatigués, des organes rompus,
La mort avec fureur déchire les tissus,
Lorsqu'en cet assaut redoutable
L'âme, par un dernier effort,
Lutte contre ses maux et dispute à la mort
Du corps qu'elle animait le débris périssable ;
Dans ces moments affreux où l'homme est sans appui,
Où l'amant fuit l'amante, où l'ami fuit l'ami,
Moi seul, en frémissant, j'ai forcé mon courage
À supporter pour toi cette effrayante image.
De tes derniers combats j'ai ressenti l'horreur ;
Le sanglot lamentable a passé dans mon cœur ;
Tes yeux fixes, muets, où la mort était peinte,
D'un sentiment plus doux semblaient porter l'empreinte ;
Ces yeux que j'avais vus par l'amour animés,
Ces yeux que j'adorais, ma main les a fermés !
(À celle qui n'est plus, Œuvres complètes de Chamfort, chez Maradan, Paris, 1812, t. II, p. 406)
(1) Cela dit, il trouve malgré tout moyen de manifester pour ce qui devrait aller de soi une certaine fierté, et centrer sur lui-même l'observation, plutôt que sur les souffrances endurées par l'être aimé. Mais bon ne mégotons pas, l'amour y est, le courage d'être resté, d'avoir fait ce qu'il fallait et une force dans les mots qui reste longtemps après.
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