"Tristesse de la terre" d'Eric Vuillard (éd. Actes Sud 27/08/14)
Beau roman, quoiqu'un brin étrange, qui évoque le destin hors norme de Buffalo Bill, petites photos à l'appui. On en apprend beaucoup sur ce qui permet de passer de la réalité à la légende via une mise en spectacle qui respecte la première parfois assez peu.
J'ai été contente d'apprendre au vol un nombre certains de choses que j'ignorais - le massacre de Wounded Knee est connu, en revanche le destin particulier d'une enfant survivante, moins ; j'ignorais aussi que le cri de guerre des indiens, que tant de westerns ont immortalisé était pure invention de spectacle (par exemple) -. Certaines situations m'ont émue, ou d'autres amusées (1).
Reste que même si un ami m'en a expliqué la portée symbolique et fort bien, j'ai eu du mal à comprendre le lien entre le dernier, au demeurant très beau, chapitre et le reste du livre, que j'ai trouvé l'auteur un peu trop présent, une façon qu'il a de nous dicter ce qu'il convient de penser (2). J'ai trouvé le style irrégulier, le tempo saccadé ; comme si le roman avait été écrit à des moments très différents. Il se trouve qu'en tant que lectrice j'aime m'installer dans un rythme, qu'il soit rapide ou lent, mais les redémarrages après des plages de narration plus détaillées ont tendance à me faire décrocher (3), sortir du sujet.
Malgré ces légères réserves, c'est une lecture que je suis heureuse d'avoir faite.
source : achat personnel ; lecture pour l'Attrape-Coeurs
(1) Songe-t-on que les bisons sont sujet au mal de mer ?
(2) Des amis qui ont plus que moi su apprécier ce livre ont à l'opposé apprécié ce parti-pris, admirant la façon dont l'auteur s'était approprié le sujet.
(3) C'est l'une des raisons pour lesquelles les chapitres de fin de type Grande Récapitulation de Ce Qui Arrive à Chacun me conviennent rarement.
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