" Il ferait un peu frais mon amour [...], mais tu poserais sur moi tes mains comme un emplâtre, et ton ventre avec elles, ta bouche, tes lèvres chaudes de buveur de café, ton sexe aux courts anneaux, aux fines veines violines, alors je le pousserais le cri de l'amoureuse au fleuve, de l'adorée au ventre heureux, et il n'y aurait plus de monde du tout [...] car tu serais le centre, le cœur de ma maison et son gardien fidèle"
Antoine Wauters, "Césarine de nuit" (éd. Le Cheyne 2013 p 117 - texte de 2008 / 2009)
Il n'y avait pas le mot gardien (pour moi synonyme d'enfermement surveillé et non de protection), ni violine (trop sophistiqué), il était question de thé (l'homme aimé ne buvait pas de café). Mais ces phrases ressemblent de façon troublante à celles que j'écrivais à l'automne 2008 pour et lors de mon dernier amour, qui me couvait des mots et du regard lorsqu'on se revoyait. Je ne les avais communiqués à personne, pas même au principal intéressé, si peu confiante en moi que j'étais. Je n'ai par ailleurs découvert le travail d'Antoine Wauters que récemment, via "Nos mères" et ce texte-là aujourd'hui. Ce n'est pas comme avec certains auteurs que j'ai pu lire dans ma jeunesse puis oublier d'avoir lus et dont des bribes ressurgiraient, en mon esprit par le temps sédimentées. Cette conjonction, cette connivence d'inconnus est troublante. Pour moi assez flatteuse : ce que je prenais pour un poème de femme amoureuse, issu du désir que l'homme avait fait naître, et donc bien un peu bête, avait donc peut-être un certain niveau (même si le texte d'Antoine Wauters est de façon incontestable d'une plus grande ampleur et qu'il est remarquable qu'il ait su trouver les termes si justes pour exprimer le désir d'une femme - ce en quoi je n'ai aucun mérite -).
Elle me laisse un arrière-goût de regret : eussé-je osé à l'époque l'envoyer au principal intéressé (lequel n'a rien à voir avec l'auteur de "Césarine de nuit", du moins à ma connaissance) peut-être m'aurait-il aimée au complet malgré mon physique qui n'était pas à ses yeux et à la réflexion (plus de huit mois quand même) assez attirant. Et ne serait-il pas dans les bras d'une autre à l'heure qu'il est, tandis que je traverse un double (1) étrange pseudo-veuvage et une quasi-asexualité imposée.
(1) I'm a petanque widow par ailleurs. Much less glamourous than the golf's ones.
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