1 - Côté papier

"Voyoucratie"

 

L'ami aura perçu que ça n'allait pas fort. Dab vous vous voyez à la librairie pour les livres, mais tu y es  tenue par le service à assurer. Même s'ils ne sont pas assez nombreux, les clients accaparent. 

Alors il te propose de passer à la maison ; en plus de sa petite famille, un camarade est là, ainsi qu'une une amie de sa femme. 

Il te prête un bouquin du camarade, un type vraiment sympa et qui comme souvent ceux qui ont eu une vie, ne la raconte pas si facilement que ça. La présence des enfants implique une (légère) censure.

Dans le métro du retour, tu ouvres le bouquin, un joli Rivages : 

"Combien de fois, alors qu'il emboutissait une présentatrice télé ou une avocate, Francis avait rêvé de se glisser dans son lit, tout seul, sous les draps, une tisane à la main, regardant sur Arte un documentaire ennuyeux qui l'aiderait à s'endormir."

Dominique Forma, "Voyoucratie" (édition Rivages, p 15).

Tu te dis alors que tant que la vie te fera des blagues, ça vaut la peine de continuer.

(Merci Nicolas) 

Les tripes en fricassées

"Lui qui n'aimait pas le temps, il a bien gagné la partie. Et moi ? J'ai perdu ou gagné ? Je n'en sais rien. En tout cas, il fallait que les événements se déposent dans mes deux âmes avant que je décide quoi que ce soit. Il fallait que ma fricassée personnelle, résultat du rebondissement de certains débris appelés "pensées" ou "sens" dans la casserole nommée "ventre" s'active Avec les tripes en fricassée, je vous garantis, on ne vit pas très bien. Enfin on vit, mais on n'est plus les mêmes qu'avant."

"Les nigauds de l'oubli et autres saloperies" Ilaria Gremizzi (Castor Astral p. 255)

Un bon conseil

"Ne fais pas ça, m'attendre. Nous on est des salauds, on ne revient jamais quand on nous attend."

"Les nigauds de l'oubli et autres saloperies" Ilaria Gremizzi (Le Castor Astral p 254)

Un "Deuxième voeu" de première qualité

"Le deuxième voeu" de Ramon Diaz-Eterovic (éditions Métailié) - traduit de l'Espagnol (Chili) par Bernardo Toro)

 

Il était temps que je me réveille, il existe déjà cinq livres traduits du même auteur. Or ils rentrent dans les lectures de détente que j'aime : dépaysement, et vie quotidienne d'un pays où je n'irai sans doute jamais, personnage principal attachant (dans le genre perdant généreux et qui résout les énigmes mais après coup).

Je me suis donc régalée de ce "deuxième voeu", en fait une double quête du père : au moment même où le détective privé Heredia reçoit un client qui revient d'un long exil dans le but de retrouver son paternel, lui-même est contacté par une femme qui répondant aux dernières volontés d'une chère disparue le met sur la trace du sien dont il ne savait rien.

Une foule de détails de l'ordre du quotidien chilien, passé et présent, des notations psychologiques justes, des amours pas trop flamboyantes - mais pas inexistantes non plus -, des vrais amis, un chat essentiel, et des méchants crapuleux à souhait.

Reste que l'ensemble manque un tantinet d'originalité, un sens de déjà-lu m'a accompagné tout au long de ma lecture et je l'ai un brin regretté. Reste une belle envie de lire les autres ouvrages de la série, mais sans urgence.

 

source : livre lu dans le cadres des incorrigibles lecteurs de l'Attrape-Coeurs