(éditions Zulma)
Un bonheur de livre à la structure cyclique que j'ai pu observer aussi chez Velibor Colic dans "Sarajevo omnibus" : une même scène évoquée plusieurs fois, vue sous différents angles et avec une connaissance différente par le lecteur de ses tenants et aboutissants, puisqu'entre temps il a appris sur les personnages d'autres choses et qu'il la voit différemment.
Alors il y a du détachement, de l'humour, des lits différents et dont les plis du matelas ou des veines des bois permettent de lire l'avenir, trois Ilie Cazane pour le prix d'un et un bourreau au cœur tendre sauf dans l'exercice de ses fonctions.
C'est sans doute le seul moment du livre dans lequel j'ai calé dans ma lecture : une scène de torture évoquée sur deux colonnes, ce qu'on devine qui s'y passe et ce qui figurera dans le rapport ultérieur. Avec cette intéressante question lors du débat entre lecteurs (1) : est-il plus insoutenable que les choses soient décrites ou au contraire mises à distance.
Pour ma part, pire est le second cas. Mon imagination, sollicitée, a tendance à créer pire que ce qui peut-être était sous-entendu alors que je suis assez habile à bloquer les images qui surviennent lorsque l'auteur m'en dit trop.
Passé ce cap difficile et malgré le tragique de certaines situations, je me suis régalée de rire, entre la machine à créer des éclairs, la séance de spiritisme où l'on convoque Karl Marx et régalée tout court lorsqu'un reflet de vitre d'un compartiment de train permet l'éclosion d'un amour naissant.
Le genre de livre dont la fin prend de court. Déjà ?
(1) Livre lu dans le cadre du club des incorrigibles lecteurs de l'Attrape-Cœurs.
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