Ce sont d'abord deux ou trois personnes qui en quelques jours me l'ont demandé. En bonne libraire parisienne, il m'en faut un lot, de demandeurs, avant que je m'inquiète d'un livre dont je ne n'ai pas entendu parler : beaucoup d'auteurs ont des accointances sur zone et qui viennent voir s'il est dignement diffusé ; ce qui n'est pas sans quelques cocasseries ; ainsi la dame sèche, austère et revêche qui s'enquiert d'un livre, comme dire, assez chaud.
Mais bon, ce n'était pas le cas ici, les personnes avaient l'air sympathique et l'une d'elle m'a dit "On m'a dit qu'il était marrant".
Alors là, j'ai dressé l'oreille. Marrant ? On en manque, en cette rentrée, cruellement. Il y a "La femme et l'ours" de Philippe Jaenada qui m'a fait à plusieurs reprises éclater de rire, mais il s'agit d'humour fin du désespoir, que pour avoir très fort je sais souvent incompris. Il y a "le ravissement de Britney Spears" de Jean Rolin, mais la simple mention du nom de la chanteuse tend à faire fuir des lecteurs potentiels.
Les autres dans leur ensemble écrivent avec gravité sur des sujets sombres, sauvages ou tourmenté, quelques chefs d'œuvre méritent l'effort mais voilà peu, très peu, correspondent à la demande d'une lectrice surmenée : je suis fatiguée, je voudrais lire quelque chose de joyeux qui me change les idées.
Peu après c'est une amie libraire qui m'a parlé de ce "Touriste" de Julien Blanc-Gras ; elle m'a dit c'est vraiment un livre qui fait plaisir à lire.
Alors sans plus attendre, j'y suis allée.
Elle n'avait pas menti. Il s'agit de voyages, ce qui est parfait pour qui souhaite, enfermé à nouveau dans un bureau après un peu de liberté l'été, se changer les idées. Ce n'est pas pour autant un carnet de voyage avec sa dose de pesanteur et de se prendre un peu (trop) (parfois) au sérieux. On est dans quelque chose de léger, dès que la situation évoquée le permet, la narration se fait drôle et parfois au dépend du voyageur qui ne cherche à aucun moment à faire son malin. Ni non plus à chercher la compassion, simplement voilà, les voyages au long court ce n'est pas toujours exactement comme sur les cartes postales.
On croise un sale type, à un moment donné, un de ceux qui font si bien carrière, de quelque carrière qu'il s'agisse. C'est très instructif et fort bien raconté comment ce genre de personne après avoir eu un comportement humain qui mériterait une réincarnation en pas même paramécie parviennent à se faire féliciter d'un pire qui a failli survenir sous leur responsabilité.
Le reste des épisodes ne tient pas du drame mais de l'exploration, de la connaissance des autres et semble nous dire que tout n'est pas perdu.
Donc effectivement, LA lecture joyeuse de la rentrée, avec finesse, sans lourdeur ni prétention.
Et ça fait du bien.
(billet non relu, pardon)
Les commentaires récents