"[...] je ne dois pas oublier que je n'éprouve aucun sentiment amoureux pour Henri B. Ces symptômes, l'impatience avec laquelle j'attends sa venue, la peur de cette rencontre, ne m'appartiennent pas en propre.
16 heures. Je m'installe sur mon banc de la place Saint-Marc. Le carnaval de Venise se prépare. Les enfants sont déjà déguisés. Je regarde longuement un petit garçon avec une coiffe en plumes, qui poursuit, inlassable, les pigeons avec un couteau. J'aimerais qu'il en tue un.
20 heures. Il ne viendra pas. Je quitte mon banc. J'ai rendez-vous avec Luciana C. au bal masqué organisé à l'Arsenal. Je photographie le maire de Venise qui me sourit.
22 heures. Je regagne ma pension. En chemin j'ôte ma perruque. Je rencontre l'homme qui m'avait suivie en blonde. Il ne fait plus attention à moi."
Sophie Calle, "A suivre (livre IV)" (Actes Sud, pages 57-58)
que je (re?)découvre à l'occasion d'un travail personnel
L'attente est un habitat précaire ! :-)
Rédigé par : Monsieur Poireau | 18 février 2011 à 11:15