... je suis donc gentille.
Et reposante.
Vous ne pourriez pas de temps en temps me marquer l'un ou l'autre mais surtout l'un,
que vous en êtes reconnaissants ?
" [...] "Ça fait mal", a gémi Alioune tout près de mon oreille, et je ne l'ai jamais oublié. De face les danseuses semblaient quasi immobiles, ondulant à peine des hanches et des épaules, mais de dos c'est de façon ahurissante que se démenait leur arrière-train [...]. Oui, je comprends maintenant : ça leur fait mal aux hommes, pourtant maîtres du monde, de ne pouvoir maîtriser une partie si cruciale de leur anatomie ; ça les énerve qu'elle puisse se mettre au garde-à-vous alors qu'ils n'ont rien demandé, ou refuser d'esquisser le moindre mouvement quand ils en ont le plus urgemment besoin. D'où leur tendance à se cramponner aux choses qui demeurent rigides de façon fiable : fusils-mitrailleurs, médailles, attaché-case, honneurs, doctrines. Ils n'aiment pas sentir leur chair télécommandée par la chair féminine et ça leur fait peur, leur peur les mets en colère et les effets de cette colère sont partout palpables. Incapables de contrôler leur propre corps ils contrôlent celui des femmes en le déclarant tabou."
Nancy Huston in "Infrarouge"
(éditions Actes Sud, page 83)
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