C'était un petit feuilleton mensuel sympathique, dans un de ces magazines pour jeunes filles qu'à l'époque la mienne et moi nous arrachions pour le lire en premier. Enfin quand je dis le lire, je n'y lisais que le Journal d'Aurore, pour le reste, Miss Star Club, j'avais débordé depuis très longtemps le cœur de cible.
Il était devenu un livre, "Jamais contente", qui nous avait bien fait sourire, même s'il ne se situait pas sur le même niveau que "The secret diary of Adrian Mole aged 13 3/4" de Sue Townsend (à mes yeux le roi des journaux fictifs d'ados).
"Toujours fâchée", le tome 2 m'avait ensuite un peu déçue. On y sentait trop l'âge de qui l'avait écrit et qui visiblement n'avait pas 15 ou 16 ans en 2008, persistaient des anachronismes d'expressions, ou de mode de pensées (certaines références étaient d'un 20 ans d'années 70/80). Il donnait l'impression de n'avoir manqué de bêta-relectrice du vrai âge. Et traînaient quelques relâchements inhabituels de répétitions de termes ou de situations ; bref c'était un peu mou. Avais-je trop vieilli ?
Le tome 3, "Rien ne va plus", à part son titre (1), lui, va tout bien. Il m'aura fait mon dimanche alors que je rentrais un brin secouée d'une séance de ciné et avec grand besoin de me remonter les idées. Ce qu'il a fait. Tout bien mené, bien enlevé, ma fille va encore croire que j'ai raconté toute sa vie au monde entier, une seule expression datée, et une seule réflexion qui m'a parue étrange d'âge (2). Le reste, impec, on y est, les profs plus vrais que nature, une mère qui tente de sauver son boulot, une tentative de blog, hélas pas assez développée et aux réactions réduites aux trolls (3), un mariage, un nouveau-né, des tentatives culinaires ratées et un amour, un vrai.
Sans parler de la lecture de quelques classiques et de "Des fleurs pour Algernon" de Daniel Keyes, et qui n'est pas Germinal, non, non. Si vous voulez lire une excellente fiche de lecture de Tristan et Iseut, Aurore 3 est fait pour vous ...
Ce n'est pas "spoiler" que signaler que la fin laisse supposer l'absence d'un tome 4. Mais qui sait, on peut toujours espérer ?
J'aime les livres qui permettent de lutter contre l'insidieux Sunday Evening Five O'Clock Blues, et ceux-là en font partie.
Marie Desplechin, "Rien ne va plus", Le journal d'Aurore, tome 3 (École des Loisirs, collection médium)
(1) parce que globalement tout y va plutôt mieux que dans les précédents, Aurore trouve sa voix / voie dans le rock et ça se goupille plutôt mieux que dans les vraies vies.(2) Au sujet des accouchements et alors que la narratrice est en seconde. Une marque d'ignorance qui contraste avec l'époque.(3) J'aurais bien aimé y mettre mon grain de sel pour un peu plus de réalisme.
Les commentaires récents