Quand un chanteur hurle "Que je t'aimeuuuuuuuuuh" à toute bombe, le répète 6 fois d'affilée avec juste quelques modulations, qu'il n'est plus tout jeune, et peut-être grand-père (1), on peut supposer qu'il sera ridicule.
Pour l'avoir entendu et vu de près, en répétition comme en concert, et plusieurs jours de suite, je peux, sans être fan (2), affirmer que non seulement il n'est pas ridicule mais qu'il parvient à être émouvant.
En tout cas y parvenait fort bien il y a encore 10 ans.
Alors voilà, riez si vous voulez, mais Victor Hugo dans ses écrits populaires me fait un peu le même effet.
Je ne connais pas beaucoup d'auteurs chez lesquels je peux lire, au hasard de ce soir-même :
"Les forêts sont des apocalypses ; et le battement d'ailes d'une petite âme fait un bruit d'agonie sous leur voûte monstrueuse." (in Les Misérables page 503 du tome 1 de ma vieille édition de poche)
(la petite âme en question c'est Cosette envoyée par la Thénardier chercher de l'eau par une froide nuit noire, de veille de Noël, forcément, qui plus est)
sans avoir quand même envie de sourire un brin. Chez Hugo, non. Pas même envie de me dire qu'il se la pète. Je ne sais pas comment il se débrouille, mais la grandiloquence chez lui ne m'éloigne pas. Et il parvient à m'émouvoir avec les mêmes armes qui chez d'autres me feraient fuir.
Serait-ce une question de générosité (au sens de : don de soi) perceptible ? De force animale qui embarque dans le premier degré ? De sincérité malgré tout (3) ?
Sans doute faudrait-il parfois, mais pas trop souvent, surtout pas, en prendre de la graine pour le côté "Faut y aller, j'y vais" (même pas peur).
(1) désolée, en vie des stars je suis nulle. Au point d'avoir prénommé ma fille sans le savoir comme une des femmes qu'il s'apprêtait à épouser (3 semaines après).
(2) Il n'y avait chez moi aucun disque de lui, alors que ma CD-thèque est des plus éclectique (et il faut l'avouer passablement inégale et désordonnée).
(3) Pour avoir vu certains brouillons exposés il y a quelques années à la BNF, je suis persuadée que ce garçon écrivait et dessinait même ses brouillons pour la postérité.
Bon sang, quel blogueur il aurait fait !
Ah oui, d'ailleurs il faut lire ses "choses vues" (en folio), c'est vraiment des chroniques de blog !
Je l'adore.
Rédigé par : samantdi | 23 novembre 2008 à 22:50