(bonheur du mercredi 10 février 2016) Au fil de ces journées qui filent à toute allure, aucune comme la veille, aucune comme prévu, il y aura eu deux bonheurs du jour : pouvoir rendre un service à des amies tout en ayant le grand plaisir de revoir un ami (1) et ensuite un dîner très inattendu avec un couple venu d'Italie, et un ami, en jouant les remplaçantes de l'éditrice (malade, présente cependant tout le début de la soirée, courageuse) et de la libraire et amie qui avait des impératifs familiaux et ce truc très curieux qui fait parfois que lorsque les invités ont presque un peu trop de notoriété, personne n'ose venir de peur d'importuner, quand eux ne demandent parfois surtout avec l'aura de Paris, qu'un petit moment "à la bonne franquette".
J'écoutais, j'étais en Italie (qui me manque et la famille aussi, mais c'est financièrement tellement raide, et l'inconnue de mois en mois tant que je n'aurais pas retrouvé de travail, impossible de prévoir un voyage - sans parler des dettes de novembre, ce moment d'absence de surveillance qui a suffit à creuser un trou, sans particulièrement acheter ni dépenser -), j'étais en excellente compagnie, j'écoutais des anecdotes racontées avec la faconde qu'on peut avoir en Italie (2), et nous avons même évité de redémarrer notre éternelle discussion Franco-Italienne sur le cas Battisti.
Ce qui reste intéressant, quoi qu'on pense, qu'on te tienne pour un tueur ou pour un type chargé par des repentis qui l'estimaient à l'abri, c'est de constater à quel point une même personne peut être perçue différemment. Et je repense à ce que disait Jean-Claude Carrière sur la croyance, le besoin de croire de l'être humain. Certains ont besoin de le croire coupable et d'autres innocents. Pour ma part j'aurais eu besoin que l'état français ne revienne pas sur une parole donnée dans la mesure où les anciens militants ou terroristes italiens réfugiés en France se tenaient à carreaux, et menaient des vies dans des métiers utiles, pour la plupart discrets. Et ça, quoi qu'il advienne, c'est raté.
Peut-être qu'il ne sait plus lui-même s'il a tiré ou pas. Peut-être qu'il est coupable, mais de tout autre chose. Alors il n'a jamais pu se défendre d'une culpabilité.
Personnellement j'aurais toujours un doute, dans un sens comme dans l'autre. Et je préférerais - qu'est-ce que ça pourrait bien changer, c'est trop tard - qu'on le laisse finir de vieillir. D'une certaine façon il a payé et sa famille aussi. Pourquoi est-ce que je pense toujours aux proches des (présumés) coupables ?, qui sont des victimes dont personne ne se soucie, leurs vies salement esquintées aussi.
C'était donc et pas que pour ces points et ces divergences évitées, une passionnante conversation. Je me sentais à ma place, moi qu'on avait embarquée comme remplaçante (en quelque sorte). Et c'était bon.
(1) En clair et sans décodeur : j'adore jouer les coursiers
(2) Les Français qui l'ont ne l'ont pas de la même façon.
billet publié dans le cadre des Bonheurs du Jour.
C'est l'amie Kozlika qui a lancé le mouvement et le lien vers tous les bonheurs (pour s'inscrire c'est par ici- grand merci àTomek qui s'est chargé du boulot -)
Chez Couac : Bonheur du jour 27
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