Quand je me suis dit Chic alors un thème qui me va et sans contrainte formelle je ne m'étais pas doutée qu'en fait la difficulté de l'exercice "bonheur du jour" serait de n'en sélectionner qu'un.
Pour aujourd'hui ils sont trop différents les uns des autres pour effectuer un tri. Un peu comme dans ces prix littéraires où il est terrible d'être juré parce qu'on peut se retrouver à devoir choisir entre un polar, un roman contemporain, un autre en costumes et de la fiction d'anticipation. Ou au foot ces titres de "meilleur joueur" alors que le job est si différent entre un gardien de but et un attaquant.
Alors aujourd'hui il y aura eu :
- Un fou-rire familial grâce à un acteur mort - que nous, les deux vieux de la maisonnée aimions plutôt bien, et nous étions contents pour lui qu'il soit mort dans son sommeil à plus de 90 ans -. Voici comment :
Je suis dans la cuisine, qui est mon bureau. Passe Le Fiston (20 ans). Je lisais les informations, je me dis Tiens, en fait, je ne sais pas si les jeunes connaissaient Galabru, ce qui donne le dialogue suivant :
la mère : - Est-ce que tu sais qui c'était Michel Galabru ?
le fiston (sans hésitation) : - Non.
la mère : - [bref résumé de la vie et l'œuvre de l'acteur puis]. Tu vois quand j'étais petite il était très connu. Il jouait beaucoup dans des films comiques très populaires, avec Louis de Funès par exemple, forcément c'était des films du dimanche soir à la télé alors on regardait tous.
le fiston (rigolard) : - Ben oui y avait que deux chaînes alors forcément (1)
(il quitte la cuisine emportant ce qu'il était venu chercher (à boire ou à manger))
Un quart d'heure plus tard, le père revient d'être allé acheter le pain. Au même moment le fiston passe à nouveau dans la cuisine par exemple pour reposer une assiette vide ou prendre un dessert.
Le père (voyant le fiston, qu'il n'a pas croisé plus tôt, ou seulement de l'avoir salué) : - Tu sais qui c'est Michel Galabru ?
le fiston : - Un peu. Mais c'est récent.
(et sous l'air interloqué du père, la mère et le fiston partent d'un grand éclat de rire)
Michel Galabru si grand acteur comique (mais pas seulement) qu'il trouve moyen de nous faire encore rire post-mortem. Et parce qu'on a envie en fait qu'il ne soit pas connu que des anciens que nous sommes presque.
Ci-dessous un joli hommage sur Inter à 13' : la météo par Galabru
- Au moment de ranger la petite maison normande qu'il nous fallait quitter, la re-découverte d'un billet de 5 € avec des mouchoirs en papier, celui que j'emporte quand nous allons courir jusqu'à la ville voisine afin de pouvoir si besoin est s'y offrir un café. Comme nous ne savons pas quand nous reviendrons, le reprendre fut fort bienvenu.
- L'arrêt que cette "richesse" inopinée autorisait à une baraque à frites le long de la nationale 13 et qui outre qu'elles étaient toutes fraîches, furent accompagnées d'une fricadelle, cet objet alimentaire non identifié dont la composition reste mystérieuse (comme disait Danyboon dans un de ses vieux sketchs D'in ch'nord tout le monde eul'sait, personne a'l dit). Je ne peux pas dire que j'aime les fricadelles - je n'en avais probablement pas mangé une depuis vingt ans - mais j'aime en manger, ça me rappelle tout un lot d'heureux moments et mes amours premières ou permanentes. Le tenancier était sympathique et discret. Je lui imagine une vie. Et la baraque à présent et ensuite, histoire de se poser et de bosser tranquille.
- La carte de visite d'un maréchal ferrant épinglée avec quelques autres annonces locales sur un tableau de la baraque (photo du début du billet) et qui était simple et efficace et si réconfortante en ces temps troublés. Il peut y avoir des guerres, des épisodes guerriers, des catastrophes naturelles ou accidentelles, il restera sans doute encore un moment des équidés et des humains pour les équiper. Je ne saurais dire pourquoi - mon vieil amour viscéral pour les chevaux ? -, mais ça me faisait du bien, c'était très détendant de me rêver passant là manger mon cornet de frites, lisant l'annonce et me disant Tiens ça tombe bien j'ai mon cheval à ferrer. Pendant une fraction de seconde une tout autre vie (et l'amorce de dialogue avec le fritier : - Le gars, là, pour les chevaux, vous le connaisez ? - Oui c'est un habitué, il bosse bien, vous pouvez y aller). D'un seul coup, plus de guerre en amorce, plus de chômage, plus de tracas financiers associés, mais une sorte de roman populaire en gestation (non, pas une histoire d'amour, un truc hippique épique, un western normand).
(1) C'est un phénomène que l'internet a accentué mais que la multiplication des radios et des chaînes de télé avait amorcé : des publics à présent morcelés, avec les stars des uns qui sont de parfaits inconnus aux autres. J'ai le souvenir d'être entrée il y a un ou deux ans dans la boutique d'un ami qui vend des journaux et magazines, et à part sur quelques magazines de sports, et un qui titrait sur Claire Chazal, ça n'était que des noms ou plutôt des prénoms qui ne m'évoquaient rien. J'avais l'impression d'être une touriste dans un pays étranger ou quelqu'un qui ne suivait pas du tout l'actualité. Quand j'étais gamine, la télé était le gros animateur des soirées des 3/4 des gens, et le choix réduit, du coup on connaissait tous - qu'on les apprécie ou non, qu'on regarde réellement ou qu'on soit simplement au courant de la programmation - ceux qui y passaient, dans des films multi-diffusés ou des émissions.
billet publié dans le cadre des Bonheurs du Jour.
Trois en un chez l'amie qui a lancé le mouvement et le lien vers tous les bonheurs (pour s'inscrire c'est par ici - grand merci à Tomek qui s'est chargé du boulot -)
Rédigé par : |