Quelques notes en vrac pour une prochaine survie 

L'apprentissage se fait [en grande partie] par la répétition

Comme le dit si bien running addict à 1'32'' de cette video, l'apprentissage se fait par la répétition

C'est quelque chose qui m'aurait beaucoup aidé si on me l'avait expliqué enfant.

Gamine, et comme il y avait des choses que j'arrivais à faire du premier coup et d'autres qui me paraissaient insurmontables (1), la répétition me semblait avant tout fastidieuse. 

J'ignorais tout de la capacité de développement des muscles, ou je la pensais bien inférieure à ce qu'elle est, et de cette disposition du cerveau qui permet lorsqu'un enchaînement de gestes est parfaitement acquis, mémorisé, et, à force de répétitions, intégré, de passer directement de l'impulsion à l'action sans perdre de temps via le "cerveau pensant".

Ça ne m'étonne qu'à demi, de l'avoir pigé si tard : je disposais d'une très bonne mémoire et généralement les choses s'inscrivaient toutes seules. Je me trouvais dès lors très désemparée lorsqu'il me fallait faire l'effort du "par cœur" sur quelque chose qui ne s'était pas inscrit du premier coup. 

Entre les pratiques musicales et sportives, à présent je le sais : on a toutes et tous, chacun à sa hauteur possible (2), de belles marges de progression : au début on parvient à exécuter quelque chose avec difficulté, fatigue, voire on n'y parviens pas ; à force d'insister on y parvient ou on le fait sans s'épuiser ; une fois les gestes, la pratique, acquis·e·s, la répéter jours après jours (ou semaine après semaine s'il s'agit d'une activité sportive hebdo) (3) permet de consolider l'acquis ; ensuite un entraînement régulier permettra de réellement progresser. 

Un jour on se retrouvera en position d'expliquer comment faire, à quelqu'un qui débute, et on s'apercevra du chemin parcouru, ce qui nous semble facile ne l'est pas au départ, pas tant que ça.

Rien ne vaut un exercice quotidien, fait avec concentration. Ça vaut pour l'écriture as well.

Concernant la course à pied, domaine où l'effet de l'effort régulier est l'un des plus spectaculaire,  il est important de ne pas se décourager : jeune j'étais persuadée, et ce d'autant plus que je suis pourvue d'une bêta-thalassémie mineure, ce qui n'empêche pas les efforts physiques mais les rend ardus et peu satisfaisants si l'on se compare aux autres, que la course à pied n'était vraiment pas pour moi. Mon entraînement de foot me rendait relativement résistante, seulement mon cœur montait vite en fréquence, j'étais semée dès le départ, et si je forçais, je devais en rentrant filer me coucher. À 49 ans et après une dizaine d'années d'avoir repris la natation, je m'y suis enfin mise. Il m'a fallu 4 mois avant de trouver mon rythme d'endurance fondamentale, celui qui permet d'avaler des kilomètres sans s'essouffler et de ne s'arrêter que par fatigue musculaire ressentie dans les jambes. Un bon critère de reconnaissance de ce rythme, variable pour chacun et selon les périodes, est : c'est l'allure à laquelle on peut courir et causer. Au cours de ses quatre mois si je n'avais pas eu une volonté forte j'aurais plus d'une fois abandonné en me disant Je n'y arrive pas, mon corps ne sait pas faire ça. Puis un jour c'est venu, le rythme que je tenais. Partant de là faire 5 km est devenu une base. Nous courrions dans un parc au tour d'environ 660 m. Pendant plusieurs mois j'ai rajouté un tour à chaque entraînement hebdomadaire. 

Il y a eu des retours en arrière : par exemple un rhume avec toux et de devoir redémarrer, une fois rétablie, bien en dessous du niveau qui semblait acquis. 

Un an après mes débuts, j'ai pu me tester sur les 10 km de ma ville. L'objectif était de terminer. C'était pour moi un exploit. 

Deux à trois ans plus tard je me suis frottée aux semi-marathons et aux trails. Au début un exploit et d'être épuisée pendant plusieurs jours après, à présent que je cours depuis huit ans, un semi-marathon n'est plus un problème et un trail de 25 km se conçoit sans crainte. 

C'est la régularité, vraiment, qui paie. Et de laisser le temps au corps de s'habituer. Tant qu'on se s'y est pas essayé, on n'imagine pas jusqu'à quel point celui-ci autorise des progrès.  

 

 

(1) J'avais un sérieux problème de coordination. Et certaines parties de mon corps semblaient mal connectées : par exemple j'ai mis très longtemps à devenir capable d'avaler un médicament. Je ne savais que la déglutition réflexe. 

(2) C'est très évident sur les capacités purement physique mais ça vaut aussi pour ce qui relève du raisonnement ou de l'artistique. 

(3) Seulement pour progresser il faut deux à trois séances de quoi que ce soit par semaine


Rester d'accord malgré le mal qu'on nous a fait / Apprécier quelqu'un malgré nos opinions éloignées


    C'est une interview à la radio que j'ai vue et écouté ce matin. C'est le touite la veille d'une femme politique dont je ne partage pas les opinions et qui vit dans un monde à ce point privilégié qu'elle fait parfois des gaffes méprisables, mais qui à plusieurs reprise a fait preuve de droiture et presque un peu d'envergure, ce qui est devenu rare : 


    Il se trouve que j'ai grandi pendant la guerre froide dans une famille de la classe moyenne du bas. Un monde assez binaire ; il y avait les bons (nous), ce qui était bien, ce qu'il fallait faire, tout ce à quoi il fallait obéir, et les méchants (d'autres), ce qui était mal, ce qu'il ne fallait pas faire, la désobéissance. Il m'a fallu un temps fou pour apprendre la nuance et qu'en matière d'humanité et d'activités humaines rien n'était définitif et qu'à part la mort peu de choses étaient irréversibles. Ainsi quelqu'un pouvait se comporter en decent guy un jour et en bad boy le lendemain, un-e ami-e très cher/ère pouvait faire défection, voire trahir, puis revenir en le regrettant. Sans parler de l'amour où les êtres humains tous genres et orientations confondus font (presque) tous n'importe quoi et très souvent. Il y a ceux qui ont le n'importe quoi un peu respectueux des autres et ceux qui ne l'ont pas. 
Il ne me reste plus que le racisme sous toutes ses formes - c'est-à-dire détester, mépriser ou vouloir éliminer d'autres êtres sous prétexte que de naissance ils ont telle ou telle caractéristique à laquelle ils ne peuvent fichtre rien, qu'ils n'ont choisie en rien - sur lequel je ne transige pas. Pour tout le reste la vie m'a enseigné la souplesse, ce que mes parents n'avaient pas fait.

J'ai donc appris à pouvoir apprécier, continuer à apprécier ce que quelqu'un fait et entreprend, alors que cette même personne par d'autres actions et paroles a pu me mettre en danger, faire la part des choses.
Et de l'autre côté de la balance à être capable d'apprécier certaines prises de positions de quelqu'un dont je sais les opinions généralement très éloignées des miennes. Une sorte d'admiration pour un adversaire objectif mais non dépourvu de qualités humaines. 

Ce sont des formes de respect dont on parle peu aux enfants, voire jamais.