On avance (malgré tout)
12 janvier 2025
Alors que le monde semble foncer vers sa perte, ou du moins celle des humains, fors quelques zones tribales autarciques (1), et que la plupart des pays est dirigée par des fous furieux rétrogrades, qui parfois sont des femmes, et que ça brûle ou que ça tempête ou que ça inonde un peu partout, il reste parfois de petites bouffées d'espoir dans le sens d'avancer vers des temps moins moches.
Stade 2 ce soir, m'en a fourni une et j'en ai pleuré.
Quand j'étais enfant, nous suivions religieusement l'émission de sport du dimanche soir, laquelle s'appelait alors Sports dimanche ; on y croisait parfois quelque débutant prometteur.
À l'époque ça me semblait aller de soi, et je n'avais aucune peine pour me glisser dans l'intérêt paternel pour le sport et les pratiques sportives de ma mère (2), ça correspondait sinon à ma santé, qui était fragile, du moins à mon tempérament et goût pour les jeux de plein air.
À l'époque, les présentateurs n'étaient que des hommes. Les femmes en tant que sportives étaient évoquées pour les sports où leur féminité était mise en avant (la gymnastique, le patinage artistique), un peu l'athlétisme et la natation (bien obligés, il y avait Kiki Caron) et le ski, à la marge.
J'étais tellement habituée à devoir m'identifier aux garçons pour tout, que je n'étais pas consciente de la discrimination géante.
Et quand j'ai voulu à l'entrée en 6ème m'inscrire au club de foot comme les copains de la bande avec laquelle j'y jouais dans la rue entre sans arrêt et tout le temps, j'étais tombée des nues : Ben tu ne peux pas, t'es une fille.
C'est un chagrin encore à vif, un immense sentiment d'injustice et de révolte face à ce qui était pour moi absurde et insensé.
Je l'ai déjà raconté maintes fois, en bataillant j'avais fini par trouver un club, et ça avait pris fin trop peu de temps après, à mon goût, faute de dirigeants (3).
Ce soir : le sport du dimanche soir était présenté par une femme jeune, et c'est de plus en plus souvent le cas, et déjà j'apprécie.
L'invitée d'honneur était une internationale de l'équipe de France de rugby.
Donc déjà : une femme, et là aussi, des femmes sont désormais invitées fréquemment, alors qu'elle ne le furent longtemps que par exception (Marie-Jo Pérec).
En plus un sport, le rugby qui était considéré comme encore plus "pas pour les filles" que le foot.
Que de bonheur, et ultra consciente du chemin parcouru, je pleurais déjà.
Et puis, comme de nos jours il faut inévitablement parler de soi, il a été fait mention de la femme de l'invitée et de leur joyeux mariage.
Dommage qu'on aille vers une fin du monde, dans certains domaines, on commençait à devenir enfin évolués, libres et équitables, du moins dans certains pays dont la France fait partie. Femmes, vie, liberté, allez, pour 2025, on y croit.
(1) Je vois vraiment les époques prochaines comme dans Enig Marcheur. Russell Hoban me semble avoir vu juste.
(2) Qui avait été parmi les premières à s'inscrire à la GV (Gymnastique Volontaire) et partant de là se mettre au tennis et à la danse.
(3) Il fallait vraiment des hommes de bonne volonté pour s'occuper de la section filles.